Rapport 2009 de la MIVILUDES

Nutrition et risque sectaire : la santé en danger

Publié le 12/04/2010
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La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a remis son rapport annuel au Premier ministre. Elle y dénonce notamment les dangers d’une mauvaise alimentation recommandée par certains groupes sectaires, et énumère drames et affaires judiciaires sur le sujet.
Le voyage chamanique (ici purification avec une plante médicinale au Pérou) est en vogue

Le voyage chamanique (ici purification avec une plante médicinale au Pérou) est en vogue
Crédit photo : AFP

LE RAPPORT 2009 de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) s’intéresse à la nutrition et ses dérives. Il énumère différentes pratiques liées à « la recherche d’alternatives pour la santé » qui se concrétisent par des « méthodes non conventionnelles à visée thérapeutique », comme les « pratiques de détoxination alliant exercice physique, frugalité ou encore jeûne alimentaire ». Leur application entraîne une alimentation « déséquilibrée, carencée » qui a déjà provoqué la mort prématurée ou le suicide.

La MIVILUDES relève ainsi les risques du jeûne excessif, du régime exclusivement végétalien pour les enfants, de l’abandon des médecines classiques au profit de régimes censés guérir de tout. Des cures pseudo-hygiénistes qui affaiblissent leurs adeptes pour avoir toute emprise sur eux.

Privation de soins et d’aliments.

Pour illustrer le propos, le rapport rappelle diverses décisions de justice. En 1999, des médecins hospitaliers saisissent la justice à la suite du décès d’un enfant de 2 ans et demi, au service des urgences, en état de dénutrition sévère. Les parents limitaient ses apports alimentaires aux fruits, aux produits laitiers et à l’eau, comme préconisé par la communauté Joie et Loisirs à laquelle ils adhèrent. L’enquête révèle d’autres « cas d’anémie sévère entraînant des retards de croissance et du rachitisme ». En 2006, six membres de la communauté sont condamnés à des peines d’emprisonnement avec sursis, « pour privation de soins et d’aliments sur des mineurs ». Car si la loi autorise l’adulte à choisir une thérapie ou même à ne pas se soigner, elle garantit à l’enfant « le droit aux meilleurs soins possibles ».

Le rapport fait également le point sur les doctrines à la mode et les réponses de diverses méthodes alternatives telles que la naturopathie, le végétarisme et le marché de l’hygiéniethérapie, qui « recouvre des offres aussi diverses que des séjours en clinique de la nutrition, la pratique du jeûne et de la randonnée, ou encore le recours aux compléments nutritionnels ». La MIVILUDES appelle à « une vigilance des institutions publiques et privées au titre de la sécurité sanitaire et alimentaire ».

› M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2741