Pour la première fois en France, des personnes atteintes de la maladie de Lyme avaient intenté une action groupée contre deux fabricants de tests Elisa conçus pour dépister cette pathologie. Les 93 plaignants, qui reprochent à ces tests leur manque de fiabilité, ont été déboutés par la justice.
Les demandeurs espéraient faire condamner les deux fabricants visés, Bio-Rad et DiaSorin, et réclamaient 500 000 euros de dommages et intérêts à chacun des laboratoires, les accusant d'être responsables du « préjudice d'anxiété » qu'ils subissent. Un préjudice né, selon eux, de l'incertitude sur la fiabilité de ces tests systématiquement utilisés depuis 2006 pour dépister la maladie de Lyme, en vertu d'un protocole établi par les autorités sanitaires. Si le résultat du test est négatif, le dépistage sérologique n'est en effet pas poursuivi, ce qui a ensuite retardé la prise en charge de leur pathologie, estiment les 93 plaignants. Leur avocat, Me Faivre, avait affirmé lors de l'audience du 5 mars que « plus d'un malade sur deux » ne pouvait être détecté avec ce type de test. Le problème de fiabilité réside notamment dans le fait que « les laboratoires ne recherchent que trois souches pathogènes » alors qu'il en existerait « entre 15 et 20 », avait alors plaidé Me Faivre.
Le tribunal de Nanterre, qui a jugé la demande des plaignants et rendu sa décision le 2 juillet, a débouté les patients qui ne seront donc pas indemnisés par les deux fabricants. Selon la justice, les tests visés par les patients « sont calibrés selon l'état de la science au moment de leur mise sur le marché, avec des limites qui sont explicitées de façon détaillée dans les notices destinées à leurs utilisateurs ». Dans sa décision, le tribunal a estimé, en outre, que les demandeurs n'avaient pas été en mesure d'établir que « des recherches plus récentes auraient permis d'obtenir d'autres résultats présentant un niveau de performance ou de fiabilité supérieur ». Les avocats des deux laboratoires mis en cause ont par ailleurs argué que les trois souches recherchées par ces tests étaient « les plus courantes » en Europe et que la production de faux négatifs et de faux positifs était « inhérente à la technique ».
Jugeant la décision « décevante », les avocats des 93 patients ont déclaré qu'ils envisageaient de faire appel. Par ailleurs, environ 500 autres patients ont ou vont assigner en responsabilité cinq fabricants de tests (BioMérieux, DiaSorin, Bio-Rad, Siemens et Euroimmun) pour les mêmes raisons devant les tribunaux de Paris.
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