Ils avaient lancé en décembre 2014 Kanavape, qu'ils définissaient comme « le premier vaporisateur aux cannabinoïdes 100 % légal » en France. Mais rien ne s'est passé comme espéré. Le parquet de Marseille vient de requérir 18 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende pour des infractions à la législation du médicament.
Sébastien Beguerie et Antonin Cohen, aujourd'hui trentenaires, avaient annoncé fin 2014 la commercialisation de la première cigarette électronique à l'huile de chanvre composée uniquement de cannabidiol (CBD), non euphorisant, et sans tétrahydrocannabinol (THC), aux effets psychotropes. Un lancement rendu laborieux par l'opposition marquée de la ministre de la Santé de l'époque, Marisol Touraine, qui avait alerté la justice. Stoppée net dans son élan, la Kanavape a finalement été commercialisée en 2016 mais elle a été peu diffusée.
Pendant ce temps, le parquet de Marseille a mené l'enquête, estimant que Kanavape était présentée comme un médicament. C'est donc pour une série d'infractions à la législation sur le médicament que les deux pionniers de la e-cig au cannabis sans THC sont jugés. Lundi, 18 mois de prison avec sursis et une amende de 15 000 euros ont été requis à leur encontre. La procureure a souligné le lien permanent entretenu par les deux prévenus entre leur produit et les bienfaits du cannabis thérapeutique : « Ces faits demeurent graves car ils touchent à la santé publique et banalisent la consommation de stupéfiants. »
En janvier 2015, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait mis en garde les promoteurs de la Kanavape car le produit pouvait recevoir la qualification de médicaments, mais elle a changé d'avis en 2016, jugeant finalement qu'il s'agissait d'un objet de consommation courant. Le tribunal rendra sa décision le 8 janvier. La question plus générale sur l'accessibilité grandissante en France au « e-joint électronique » n'est, elle, pas tranchée (lire notre article « abonné »).
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