Avec un chiffre d'affaires en hausse de 13,5 % et une marge brute qui évolue de 15,9 % en 2022, les résultats de l'officine se sont encore consolidés depuis l'exercice précédent. Certains signaux d’alerte sont cependant à prendre au sérieux. Voici en substance la conclusion du bilan de l’observatoire pour 2022 que vient de publier Fiducial*.
Car le chiffre d’affaires en croissance de 13,5 % à 2,021 millions d’euros bénéficie une dernière fois au cours de cet exercice des effets de la gestion de la pandémie. La typologie d’officine qui correspond le mieux à cette moyenne est la pharmacie de quartier. Un modèle dont le blason avait été redoré pendant les mois de confinement et qui maintient son activité à 2,1 millions d’euros. Les officines rurales et celles situées en centre-ville, en revanche, réalisent un chiffre d’affaires inférieur à la moyenne nationale. Il n’est que la pharmacie de centre commercial qui, avec 3,41 millions d’euros de chiffre d’affaires, se distingue.
Mais c’est sur la marge brute que les conséquences de la hausse d’activités liées au Covid se lisent le plus clairement. En 2022, la marge brute dégagée par une officine moyenne se monte à 32,4 % du chiffre d’affaires. Un chiffre d’affaires par ailleurs en hausse de 13,5 %. En 2021, le taux de la marge brute rapportée à un chiffre d’affaires de 1,780 million d’euros n’atteignait que 31, 7 %. En valeur absolue, la marge brute a donc augmenté de 15,9 %. « En l’espace de deux ans, on peut avoir légitimement le sentiment de ne plus être sur la même planète », observe Philippe Becker, consultant du département Pharmacie chez Fiducial.
Il y a toutefois de fortes chances que l’exercice 2022 soit la queue de la comète. Car, les dérives sur de nombreux postes d’exploitation (+ 19 % en coûts de personnels, + 13 % en frais fixes) identifiées dans les bilans de l’exercice 2022 semblent perdurer en 2023. « Il est certain qu’il faudra les gérer et les digérer dans le contexte d’une période post-pandémie qui générera une activité plus atone, voire des baisses de chiffre d’affaires », commente Bertrand Cadillon, expert-comptable chez Fiducial, estimant que les titulaires auront certainement besoin de la trésorerie engrangée en 2022 pour amortir « le choc d’un atterrissage qui pourrait être plus que mouvementé ».
D’autant que certains signaux alarmants apparaissent sur les tableaux de bord. Les analyses de Fiducial établissent un chiffre d’affaires constitué en moyenne par 5 307 passages clients par an (panier moyen de 39,50 euros) et à 73,8 % par le médicament remboursé. Or, cette part ne cesse de s’éroder depuis sept ans, l’activité à 2,1 % représentait encore 75,8 % du chiffre d’affaires en 2015. En parallèle, rien ne laisse présager du comportement des consommateurs sur les autres segments d’activité, soumis, quant à eux, à une inflation qui s’installe. Reste donc le troisième pan de l’économie officinale voué aux nouvelles missions. « Il est un point à mettre en exergue, confirment les analystes de Fiducial, c’est la mutation à marche forcée vers une économie de plus en plus marquée par les nouvelles missions et les prestations de services. »
Cette évolution demande cependant « d’être capable de manager avec beaucoup de finesse les ressources humaines de l’officine et de développer une communication efficace pour fidéliser les clients autour des nouvelles missions ». Ces organisations et formations nouvelles requièrent cependant une solide assise financière. C’est à ces nouveaux enjeux que devra répondre la convention pharmaceutique à l’automne. « Elle aura un impact fort sur les chiffres et les résultats des officines françaises dans un contexte de disparition de « l’argent magique » », prédisent Philippe Becker et Bertrand Cadillon.
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