Finis les post-it collés sur le comptoir indiquant aux patients l’adresse mail de la pharmacie. Depuis le 22 mai, tout patient peut – en théorie - envoyer son ordonnance à son pharmacien via une messagerie sécurisée de santé depuis son compte sur Mon espace santé. En théorie, car cet envoi suppose que l’officine soit équipée d’une BAL MSSanté organisationnelle référencée dans l’annuaire santé géré par l’Agence du numérique en santé (ANS)*. Or, à ce jour, 6 000 pharmaciens seulement ont ouvert leur boîte organisationnelle.
La montée en charge de cette nouvelle fonctionnalité dépend donc de la réactivité des officines à se doter d’une MSSanté organisationnelle. Les confrères qui en sont pourvus ont ainsi pu voir apparaître en début de semaine dernière une petite enveloppe en haut à droite de l’écran de leurs postes. Cette petite icône signale la présence de cette messagerie d’un nouveau type. Cette MSS (messagerie sécurisée de santé) constitue une interface entre la pharmacie et ses patients. Ceux-ci pourront y accéder en optant sur leur compte « Mon espace santé » pour l’officine de leur choix, proposée dans leur historique de santé. Il leur suffira alors de télécharger leur ordonnance ou de la sélectionner dans la rubrique « mes documents ».
Une porte ouverte sur la santé
Cette nouvelle fonctionnalité – disponible côté patient sur le site Web et sur l’application mobile de « Mon espace santé » – est sans aucun doute l’une des premières applications visibles du Ségur du numérique. Pour le pharmacien, ce nouveau canal de communication ouvre plusieurs possibilités. Tout d’abord, l'officine dispose d’un délai pour préparer la délivrance, voire en cas de besoin pour anticiper la commande des médicaments ou des dispositifs médicaux, comme le relève l’assurance-maladie qui a coopéré avec les syndicats de la profession à l’élaboration de cette messagerie.
Gain de temps, disponibilité accrue au comptoir pour expliquer le traitement… Mais cette nouvelle MSS présente aussi comme autres avantages de permettre de dialoguer de manière « rapide, fluide, et totalement sécurisée avec le patient », affirme l’assurance-maladie. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), tient d’ailleurs à souligner que les pharmaciens sont les seuls professionnels de santé à avoir accepté d'être contactés directement par leurs patients. « Les médecins ou les autres professionnels de santé ont voulu rester à l'initiative de la démarche envers le patient », ajoute-t-il, se félicitant que la pharmacie « soit une porte ouverte sur la santé ». Raison de plus, insiste-t-il, pour que les confrères aient rapidement connaissance de cette innovation et s’en emparent. « Les pharmaciens doivent être attentifs à l'apparition du signal sur leur écran. Dans le cas contraire, ils pourraient passer à côté d'une commande ou d'un message de patient », avertit-il.
Véritable révolution de la communication sécurisée
Cette innovation de l'assurance-maladie est, selon Philippe Besset, un premier pas vers l'ordonnance électronique. Un constat que ne partage pas Pierre-Olivier Variot. Selon lui, ces deux dispositifs ne sont pas comparables. En revanche, point positif pour le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), cette messagerie sécurisée va responsabiliser les patients. « Cette fonctionnalité leur signifie qu’une ordonnance est un document important, dont il faut en prendre soin et qui ne peut être détourné de son utilisateur. » Le président de l’USPO se permet cependant une objection : « on donne un nouvel outil aux patients, mais vont-ils s’en servir ? ».
En tout état de cause, pour les syndicats, cette innovation de l'assurance-maladie représente une avancée par rapport à d'autres systèmes de transmission des prescriptions, tels que proposés par Doctolib ou d'autres acteurs, puisque la fonctionnalité est intégrée au LGO. De même, les ordonnances déposées sur « Mon espace santé » échappent à des tiers prestataires. Pierre-Olivier Variot insiste par ailleurs sur la capacité de ce dispositif à enrayer les risques de fausses ordonnances. « En raison de la traçabilité assurée par la messagerie, on pourra s'y risquer une fois mais pas deux, puisque le fraudeur sera d’emblée identifié ! »
* Pour plus d'informations, les officines sont invitées à se rapprocher de leur délégué numérique en santé (DNS).
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