Activités Covid et manque de personnels obligent, en 2022 comme l'année précédente, les titulaires ont moins que jamais compté leurs heures au comptoir. Il est donc juste qu'ils se rétribuent à hauteur de cet engagement. Ils se sont ainsi attribué en moyenne une rémunération nette de 62 200 euros, soit une hausse de 6,69 % par rapport à 2021. Ce montant équivaut à 2,75 % du chiffre d'affaires et à 18,94 % de l'excédent brut d'exploitation (EBE), deux indicateurs eux aussi en forte hausse.
Car soutenue par les activités Covid, 2022 restera une année exceptionnelle en termes de rentabilité. Tous les titulaires, quelle que soit la typologie de leur officine, ont ainsi pu « s'augmenter » en 2022. Pour autant, le titulaire doit-il aujourd'hui croquer les quelque 51 000 euros d'EBE supplémentaires engrangés l'année dernière ? Ou doit-il au contraire réinjecter dans son outil de travail cette somme, vraisemblablement destinée à rester exceptionnelle ? Bien qu'il puisse être tenté de continuer à aligner sa rémunération sur l'inflation, le gérant d'officine doit être incité à la prudence par plusieurs facteurs. Comme le souligne Joël Lecoeur, président du réseau d'experts-comptables CGP à l'origine de ces données, jamais les titulaires n'ont eu à faire face à une telle hausse des coûts de personnels. « En 2022, 50 % de l'EBE supplémentaire est absorbé par les frais de personnels, contre un tiers d'habitude », souligne le président de CGP. Il y a fort à parier que l'inflation perdurant, ce poste va continuer à grossir au fil des prochains mois, sans pour autant que l'économie officinale puisse réitérer ses performances de 2022.
Effet taille
La circonspection est d'autant plus de mise que tous les titulaires ne peuvent s'appliquer la même hausse de rémunération. En témoignent les disparités importantes selon le lieu d'implantation et la taille de l'officine. Bénéficiant de l'effet Covid déjà remarqué en 2021, les pharmaciens situés dans les gros bourgs ont pu « s'augmenter » de 8,51 %, à 67 800 euros en moyenne, bien davantage que leurs confrères des zones urbaines qui ne touchent que 7,42 % de plus (55 400 euros). S'ils ne s'octroient qu'une augmentation de 2,96 %, les titulaires exerçant dans un centre commercial touchent en moyenne une rémunération de 78 700 euros, soit près de 30 % de plus que leurs confrères de zone rurale (61 100 euros, soit + 5,32 %).
Mais les plus grandes variations de rémunération s'observent entre officines de tailles différentes. Les montants s'échelonnent ainsi de 40 500 euros pour les gérants des pharmacies d'un chiffre d'affaires de 1 à 1,5 million d'euros, à 64 800 euros pour ceux atteignant un chiffre d'affaires de 2 à 2,5 millions d'euros. Cependant, tandis que les titulaires dont le chiffre d'affaires se situe entre 2,5 et 4 millions d'euros s'accordent 77 100 euros par an, leurs confrères des structures de moins d'un million d'euros de chiffre d'affaires perçoivent 2,4 fois moins, soit 32 200 euros. Joël Lecoeur pointe avec inquiétude la situation de cette dernière catégorie de titulaires : « 31,59 % de l'EBE de ces pharmacies, contre 18,94 % en moyenne, sont absorbés par la rémunération du titulaire. Le poids relatif de l'endettement de ces petites structures ne leur permet pas de rémunérer correctement leur titulaire, à peine à hauteur d'un adjoint salarié à 35 heures ! »
D'après la conférence CGP du 10 mars 2023
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