Cher, inefficace et avec de potentielles nuisances : tel est le verdict d’une méta analyse menée par des chercheurs des universités de Bath, d'Oxford et de l'Alberta au Canada sur l’usage des produits à base de CBD pour lutter contre la douleur chronique.
« Il n’existe aucune preuve que les produits à base de CBD réduisent la douleur chronique. Les prendre est un gaspillage d’argent et potentiellement nocif pour la santé », affirment les auteurs d’une étude publiée dans l’édition d’avril de « The Journal of Pain ». Leurs observations reposent sur la méta analyse de 16 essais randomisés menés jusqu’à fin 2023, évaluant l’efficacité du CBD (ou cannabidiol) de qualité pharmaceutique sur le traitement de la douleur.
Bien que le CBD soit couramment présenté comme un remède à toutes les douleurs, « il y a un manque total de preuves de qualité démontrant qu'il a des effets positifs », souligne le Pr Chris Eccleston, qui a dirigé la recherche au Centre de recherche sur la douleur de Bath. Le chercheur estime même que les consommateurs feraient bien d’éviter ces produits quelle qu’en soit la présentation. Le CBD est un traitement alternatif populaire contre la douleur. Il est utilisé sous forme d’huile, de teinture, de vape, de crème topique, de produit comestible (comme des oursons en gomme), voire de boisson gazeuse. Or « les produits vendus directement aux consommateurs contiennent des quantités variables de CBD, allant de zéro à bien plus que ce qui est annoncé, révèlent les chercheurs. Voire, ils recèlent des produits chimiques autres que le CBD, dont certains peuvent être nocifs et d'autres illégaux dans les juridictions de certains pays. Ces produits chimiques comprennent le THC (tétrahydrocannabinol), principal composant psychoactif de la plante de cannabis ». Sur les 16 essais contrôlés randomisés, 15 n’ont montré aucun résultat positif, le CBD n’étant pas meilleur qu’un placebo pour soulager la douleur. La méta-analyse met même en lumière des taux accrus d'événements indésirables graves dans les groupes CBD, notamment une toxicité hépatique.
Loin de blâmer les patients – 20 % de la population souffre de douleurs chroniques – les chercheurs pointent les carences de la prise en charge de la douleur que souligne cet engouement pour le CBD. Le Dr Andrew Moore, co-auteur de l’étude et ancien chercheur à l’Université d’Oxford, déclare ainsi : « Pour un trop grand nombre de personnes souffrant de douleur chronique, il n’existe aucun médicament qui gère leur douleur. La douleur chronique peut être terrible, c’est pourquoi les patients cherchent à la soulager par tous les moyens. Cela les rend vulnérables aux promesses farfelues faites à propos du CBD. » Les auteurs de l’étude demandent, par conséquent, que la douleur chronique soit prise plus au sérieux et que la protection des consommateurs devienne une priorité.
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