À l’occasion de la publication de son livre « Rien n’est impossible : mon histoire pourrait être la vôtre », le plus médiatique des médecins se confie dans une longue interview à « Egora ». Comme à son habitude, Michel Cymes n’hésite pas à ruer dans les brancards et dénonce avec vigueur le corporatisme de ses confrères. Pour lui, l’avenir passe par la téléconsultation et les transferts de compétences, notamment vers les pharmaciens.
Sorti le 5 octobre dernier, le livre autobiographique de Michel Cymes revient sur son parcours atypique et dévoile des pans de sa vie privée « pour aider les gens ». Interrogé par « Egora », il explique ainsi son choix de révéler avoir eu un cancer du rein, heureusement pris à temps, « pour favoriser le dépistage ». Celui qui voulait d’abord être vétérinaire, devenu médecin par amour des sciences naturelles et pour faire la fierté de ses parents, en profite pour aborder les sujets brûlants de l’actualité.
La 4e année d’internat en médecine générale ? « Pas complètement idiot si c’est sur la base du volontariat car ça permet d’aider un peu les déserts médicaux. » L’occasion pour Michel Cymes de s’insurger contre le corporatisme de sa profession. « Il faut regarder la vérité en face : c'est nous, les médecins, qui sommes en grande partie responsables du fait qu'il n'y ait pas assez de spécialistes parce qu'on a fait du corporatisme et que les syndicats ont tout fait pour éviter qu'il n’y ait trop de concurrence… Combien de temps a-t-il fallu pour qu'on autorise les pharmaciens à vacciner ? Pour qu'on autorise des professions autour de la santé visuelle à faire des bilans ? Il n'est pas normal aujourd'hui qu'un médecin du travail n'ait pas le droit de faire une ordonnance. Il faut qu'on se réveille, il faut dépoussiérer notre médecine ! Il faut accepter de déléguer des tâches aux infirmiers et infirmières, sous l'autorité du médecin. Les IDE sont capables de réaliser de nombreux gestes, pour lesquels il ne faut pas 12 années d'études. Il faut qu'on arrête un peu ce corporatisme… » A ses yeux, « l'avenir passe aussi par la téléconsultation, notamment les télécabines ».
C’est dit. Et assumé. Au même titre que sa charge contre l’inaction de l’Ordre des médecins qu’il appelle à « faire sa révolution ». Il explique : « Moi aujourd'hui je perds un temps fou car il y a deux tarés qui m'ont attaqué devant l'Ordre pour avoir défendu la vaccination (…) A côté de ça, en temps de crise, il est inconcevable que l'Académie de médecine réagisse en 48 heures pour contrer les propos complètement dingues de gens qui pensent avoir découvert je ne sais quel traitement, contre toute vérité scientifique, et que l'Ordre mettre un an ou deux avant de les convoquer ! Il faut que les statuts bougent pour que, quand un médecin dans les médias dit n'importe quoi et viole le code de déontologie en faisant la promotion d'un traitement non éprouvé scientifiquement – le Pr Raoult n'est pas le seul, plein de médecins se sont révélés complètement lunaires durant le Covid – on n'ait pas besoin d'attendre qu'un médecin porte plainte ou que le conseil de l'Ordre se saisisse, que ça passe par le départemental, le régional, le national… Il n'est pas possible d'attendre des mois pour que le mec soit convoqué ! »
C’est dit. Et assumé donc.
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