Cas de comptoir
Le contexte : Simone, 43 ans, sans pathologie chronique : « En travaillant avec les enfants, j’enchaîne les rhumes. Le dernier s’est aggravé en sinusite et mon médecin m’a prescrit des antibiotiques, mais je suis sensible des intestins. Je souhaiterais faire une cure de probiotiques et je crois que j’ai aussi besoin de vitamines. »
Votre réponse : « Je vous conseille de prendre, pendant toute la durée du traitement antibiotique, Ultra-Levure 200 mg, contenant Saccharomyces boulardii, à raison d’une gélule par jour. Cette levure probiotique permet de restaurer le microbiote intestinal, sans être détruit par l’antibiotique. Pour éviter les récidives, une cure de vitamines associées à des minéraux et/ou des probiotiques pourra être envisagée à la suite du traitement antibiotique.
Définitions
- Complément alimentaire (définition européenne) : denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seul ou combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d’un compte-gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité.
- Fatigue : symptôme fonctionnel, secondaire à une activité physique ou psychique d’intensité inhabituelle, dominant le soir et surtout réversible au repos.
- Immunité : ensemble des mécanismes de défense d'un organisme contre les éléments étrangers à l'organisme, en particulier les agents infectieux (virus, bactéries ou parasites).
- Prébiotiques : substances fermentées par la microflore bactérienne et permettant la croissance et l’activité des bactéries intestinales. Les prébiotiques comprennent les oligosaccharides comme l’inuline et les fructo-oligosaccharides (FOS).
- Probiotiques : micro-organismes vivants qui, apportés en quantité adéquate, permettent d’améliorer la santé de l’hôte.
- Vitamines : substances sans valeur énergétique mais essentielles pour l’organisme car participant à de nombreux processus physiologiques comme la croissance, le développement, le fonctionnement et l’entretien de l’organisme à tout âge. Il existe deux catégories de vitamines : les liposolubles (vitamines A, D, E et K) et les hydrosolubles (vitamines B1, B2, B3, B5, B6, B8, B9, B12 et C).
Physiopathologie
Pour lutter contre les agents pathogènes, le système immunitaire repose sur l’immunité innée et l’immunité adaptative. L’immunité innée permet la défense de l'organisme contre les agents infectieux de façon immédiate en empêchant leur pénétration et leur prolifération dans l’organisme grâce à des barrières physiques (peau, muqueuses, sécrétions gastriques, salivaires, mucus…), certaines cellules (macrophages, neutrophiles, monocytes, cellules dendritiques) et plusieurs types de protéines dont les cytokines. Se déclenche ensuite l’immunité adaptative, au niveau des tissus lymphoïdes, spécifique de chaque micro-organisme.
L’immunité adaptative comprend deux types de réponse immunitaire : l’immunité humorale, reposant sur la production d’anticorps par les lymphocytes B, et l’immunité cellulaire, assurée par la production de lymphocytes T détruisant les cellules infectées. En cas d’affaiblissement des défenses immunitaires peuvent survenir une fatigue persistante, une mauvaise cicatrisation et des infections à répétition. Un état d’asthénie fonctionnelle ou de fatigue peut être à l’origine d’une défaillance du système immunitaire. Elle peut être corrigée en éliminant la cause et pallier les carences existantes (acides aminés, vitamines, minéraux…).
Les causes de la diminution des défenses immunitaires sont multiples (hors pathologie) : changement de saison, baisse des températures, stress, âge (enfants et personnes âgées), mauvaise hygiène de vie, sans oublier les déficits en vitamines et minéraux liées à une alimentation déséquilibrée.
Conduite à tenir
Interrogatoire
En cas de demande de complément alimentaire visant à renforcer les défenses immunitaires, le pharmacien interroge le patient sur :
- Son mode de vie : alimentation, sommeil, surmenage, consommation d’alcool, tabagisme ;
- Les signes d’une diminution de l’immunité : infections ORL et digestives à répétition, récupération plus lente, aggravation des épisodes infectieux, mauvaise cicatrisation, installation d’une fatigue avec répercussion sur l’humeur ;
- La survenue du dernier épisode d’infection avec la prise de médicaments ou de compléments alimentaires ;
- L’existence d’une pathologie chronique, traitements habituels et allergie.
Soigner son hygiène de vie
Plusieurs causes sont à l’origine de fatigue et de la diminution des défenses immunitaires, notamment une mauvaise hygiène de vie. Il est ainsi conseillé de dormir suffisamment, en guettant les premiers signes de sommeil et en se couchant à heure régulière.
Les excitants (café, thé, alcool, tabac) doivent être proscrits après 16 heures. Une sieste en début d’après-midi peut être bénéfique (entre 12 et 15 heures, pendant 5 à 20 minutes), tout comme éteindre tous les écrans au moins une heure avant de dormir. Une activité physique régulière, adaptée et sans excès, participe à améliorer l’état de fatigue. Enfin, il est conseillé de s’exposer au soleil 15 à 20 minutes en fin de matinée ou dans l’après-midi afin d’assurer un apport journalier suffisant en vitamine D.
Jouer sur l’alimentation
Pour garder la forme, une alimentation équilibrée et variée est la clef. A chaque repas doivent se trouver des fruits et légumes en quantité suffisante, des fibres et des protéines animales et/ou végétales. Les aliments à indice glycémique bas sont à privilégier à ceux à IG élevé. Les aliments trop gras et trop riches en oméga 6 (huile de tournesol), pro-inflammatoires, sont à proscrire au profit d’aliments riches en acides gras oméga 3 (huile de colza, petits poissons gras) aux propriétés anti-inflammatoires.
Une bonne hydratation d’au moins 1,5 litre par jour (eau minérale, tisane, bouillon) favorise l’élimination des déchets de l’organisme.
Il est important de garder un rythme de 3 repas par jour, avec éventuellement une collation à 16 heures à base de fruits, fruits secs et/ou 1 à 2 carreaux de chocolat noir.
Du côté des enfants
Une mauvaise hygiène de vie, un régime restrictif chez les adolescents, le surmenage scolaire et/ou extrascolaire, les troubles du sommeil ont pour conséquence un état de fatigue et une baisse des défenses immunitaires. L’organisme d’un enfant est en croissance, les besoins nutritionnels sont donc d’autant augmentés et les carences prévisibles, mais une alimentation saine et équilibrée permet cependant de couvrir les besoins journaliers.
Les mesures hygiénodiététiques sont à rappeler en priorité : durée de sommeil suffisante, alimentation variée et équilibrée et activité physique régulière. Penser aux déficits en fer et en vitamine D, indispensables pour maintenir une immunité efficace, mais dont la supplémentation est effectuée en premier lieu avec des médicaments sur avis médical.
Afin de prévenir les maladies hivernales et/ou de faciliter la récupération, une cure de probiotiques peut être toutefois proposée pendant quelques jours et renouvelée plusieurs fois dans l’année. Les compléments alimentaires à visée immunitaire et destinés aux enfants se composent d’association de souches de Lactobacillus, Bifidobacterium voire de Streptococcus, dosées à plusieurs milliards par unité de prise.
Pour faciliter l’observance, les compléments alimentaires pédiatriques se présentent sous forme de comprimés à croquer ou de gommes. Attention, ils ne doivent pas être pris pour des friandises.
Les compléments alimentaires destinés aux enfants, présentés souvent sous forme de gommes, ne doivent pas être pris pour des friandises
Direction le médecin
Le patient sera orienté chez le médecin en cas d’infections récurrentes et résistantes aux traitements habituels, la survenue de lésions cutanées (eczéma, verrues, abcès, alopécie), buccales (candidose, ulcérations, parodontite) et/ou génitales (mycoses, herpès). L’objectif est de détecter un déficit immunitaire héréditaire ou primitif, éventuellement lié à une maladie auto-immune, un trouble de la fonction thyroïdienne ou l’excès d’hygiène et/ou d’antibiotiques.
Chez les enfants enchaînant les infections respiratoires et/ou digestives, un bilan clinique et biologique est recommandé.
Les produits du conseil
Les reconstituants
Les reconstituants permettent de pallier les carences en cas d’une alimentation déséquilibrée. Parmi les vitamines à conseiller pour améliorer les défenses immunitaires, la vitamine C est la plus réputée. Elle intervient dans le fonctionnement des cellules immunitaires, est antioxydante et favorise la production de collagène, d’adrénaline et de noradrénaline ainsi que l’absorption du fer. Elle n’est retrouvée que dans l’alimentation : agrumes, fruits rouges, kiwis, acérola, certains légumes (dont les choux) et persil. Les apports nutritionnels conseillés (ANC) sont de 110 mg. En cas de fatigue, une supplémentation matinale entre 200 et 500 mg, peut être conseillée chez les adultes. À dose pharmacologique (1 à 2 grammes par jour), la vitamine C est indiquée pour le traitement des maladies du collagène, en cas de retard de cicatrisation ou en association au fer pour l’anémie ferriprive. À plus de 3 grammes par jour, des effets secondaires digestifs peuvent survenir.
Autre antioxydant des cocktails vitaminiques : la vitamine E (alpha-tocophérol). La carence est rare chez l’homme car son apport journalier est assuré par l’alimentation (huiles végétales, fruits et légumes). En cas de traitement anticoagulant ou d’antécédent d’AVC, son utilisation est contre-indiquée.
La vitamine A participe quant à elle à la production de globules blancs et d’anticorps. Elle est retrouvée, sous forme de rétinol, dans le beurre, le jaune d’œuf, les produits laitiers, l’huile de poisson, ainsi que dans les fruits et légumes colorés sous forme de caroténoïdes provitaminiques.
La vitamine D est également indispensable grâce à son action sur la différenciation et l’activité des cellules du système immunitaire. Ses sources alimentaires : les poissons gras, certains champignons, tels que girolles, cèpes et morilles, les produits laitiers enrichis en vitamine D, le jaune d’œuf, les abats, le beurre et les margarines. Pour renforcer les défenses immunitaires, la vitamine D, associée de préférence au magnésium peut être apportée entre 800 à 2 000 UI/jour.
Enfin, les vitamines du groupe B contribuent aux fonctions métaboliques de l’organisme, à la formation des globules rouges (B6, B9 et B12) et au maintien du système immunitaire. Les sources alimentaires sont nombreuses et variées : viandes, poissons, jaune d’œuf, céréales, levures de bière, champignons, légumes verts (B9)… Les carences, pouvant être à l’origine d’une asthénie fonctionnelle, sont ainsi consécutives à des régimes alimentaires (végétaliens) ou des maladies chroniques réduisant leur absorption (alcoolisme, maladies chroniques de l’intestin…). Leur complémentation est pertinente en cas d’état de stress et de tension nerveuse et/ou d’activité physique intense.
Du côté des minéraux et oligo-éléments, c’est le zinc qui est incontournable. Ses principales sources alimentaires sont les crustacés dont les huîtres, la viande rouge, les légumineuses, les grains entiers, le germe de blé et les lentilles. Des techniques comme le trempage des céréales et légumes secs permettent d’améliorer la biodisponibilité de l’élément. Contrairement au fer, il n’existe pas de réserve de zinc dans l’organisme. Son apport est ainsi quotidien, soit par l’alimentation, soit par des compléments alimentaires quand les besoins sont conséquents (personnes âgées, végétariens, alimentation déséquilibrée, syndrome métabolique, diabète) et l’hiver pour favoriser l’immunité, notamment en hiver. Deux formes sont à privilégier, le gluconate et le bisglycinate de zinc, cette dernière étant mieux absorbée par l’organisme. À noter : la teneur maximale conseillée est de 15 mg de zinc par jour chez l’adulte.
Le fer intervient dans la synthèse d’hémoglobine, de myoglobine et est un composant de cytochrome. En cas de carence sont constatées une moindre capacité à l’effort, une diminution des performances intellectuelles et de la résistance aux infections traduisant une anémie. Les sources alimentaires sont la viande rouge, les abats (fer héminique mieux absorbé), et les légumes secs et verts (persil, épinards). La prise concomitante de vitamine C améliore son absorption tandis que les tanins (thé) et les phytates (céréales et légumineuses) la diminuent. Les compléments alimentaires sont dosés au maximum à 30 mg de fer.
En complément
Parmi les produits de la ruche se trouvent les reconstituants tels que la gelée royale (riche en acides aminés essentiels, minéraux, oligoéléments et vitamines B) et la propolis (riche en flavonoïdes, coumarines et acides phénoliques). Il est conseillé de réaliser des cures de 3 semaines avant l’hiver. Attention, chez les personnes allergiques à ces produits ou aux piqûres d’hyménoptères ne doivent pas les consommer.
L’échinacée (Echinacea purpurea, E. angustifolia, E. pallida…) est réputée traditionnellement et reconnue par l’OMS pour stimuler les défenses immunitaires en cas d'infections respiratoires ou urinaires. Ses nombreux constituants comme l’acide cichorique, les échinacosides, les alkylamides et les polysaccharides seraient à l’origine de l’activité immunitaire. Il est recommandé de réaliser des cures d’une dizaine de jours en prévision des pathologies hivernales, à partir de 12 ans.
Autre plante ayant des actions positives sur le système immunitaire, notamment en prévision des petites pathologies hivernales, et reconnues par l’OMS : l’éleuthérocoque (Eleutherococcus sp.), tonique adaptogène, à partir de 12 ans également.
12 ans Les plantes comme l’échinacée ou l’éleuthérocoque peuvent être conseillées à partir de 12 ans
Prendre soin du microbiote
De nombreux compléments alimentaires comprennent diverses souches de probiotiques, associées ou non à des prébiotiques (voir définitions). Les étudies in vitro ont montré une augmentation des IgA anti-pathogènes viraux et bactériens au niveau de la muqueuse intestinale humaine après l’administration de probiotiques. Cependant, les études restent contradictoires sur l’effet clinique des probiotiques pour la prévention des infections. Grâce à cette action immunitaire néanmoins reconnue, leur effet barrière et la production de cytokines anti-inflammatoires, les probiotiques (Bifidobactéries, Lactobacillus) peuvent être proposées en cures à renouveler pendant la saison hivernale afin de garantir l’efficacité du traitement.
Testez-vous
1. Une diminution des défenses immunitaires peut être liée à :
a) Un défaut d’exposition à la lumière ;
b) Un temps de sommeil insuffisant ;
c) Un manque d’activité physique ;
d) Une carence en vitamine K.
2. Les vitamines améliorant l’immunité sont :
a) La vitamine D ;
b) La vitamine K ;
c) La vitamine A ;
d) La vitamine C.
3. Les plantes réputées traditionnellement pour agir sur l’immunité sont :
a) La camomille ;
b) La lavande ;
c) L’échinacée ;
d) L’éleuthérocoque.
4. Les propriétés des probiotiques dans l’immunité sont :
a) La diminution de la perméabilité intestinale ;
b) L’effet barrière ;
c) L’augmentation de la production des IgA ;
d) La production de substances neutralisant les agents pathogènes.
Réponses : 1. a), b) et c) ; 2. a), c) et d) ; 3. c) et d) ; 4. b), c) et d).
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