Le Quotidien du pharmacien. - Le coût de la minute officinale était jusqu'à présent communément évalué à un euro. Ce montant est-il encore réaliste aujourd'hui ?
Nicolas Baldo. - Il est difficile de fixer arbitrairement un prix car celui-ci est fonction de la rémunération de la personne qui réalise la mission. Dans le cas d'un salarié, on déterminera le coût par le salaire net ajouté aux charges salariales et patronales, divisé par le temps de travail mensuel puis ramené à la durée de la mission. S'il s'agit du titulaire, sa rémunération dépend de sa politique de rémunération, de son foyer fiscal et aussi de son niveau d'endettement.
Mais effectivement, le coût des missions tend à renchérir en raison de deux facteurs. D'une part, le marché de la pharmacie connaît, comme d'autres secteurs d'activité, une pénurie de personnel qui contraint les titulaires à payer davantage leurs salariés. Par ailleurs, il ne faut pas négliger l'inflation et ses effets sur les salaires mais aussi sur les autres postes de dépenses de l'officine. Cependant, il ne faut pas oublier que l'officine évolue dans un cadre conventionnel et que les prix sont fixés par l'assurance-maladie. On l'a vu récemment avec la baisse du prix des tests. Dans ces conditions, les pharmaciens épuisés pourront-ils continuer à y répondre aussi bien qu'ils l'ont fait jusqu'à présent ?
Alors que des doutes subsistent sur la rentabilité des missions, celles-ci ne risquent-elles pas de fausser la lecture d'un bilan, voire la valorisation d'un fonds ?
Je ne ressens pas personnellement ce manque de rentabilité dans les services. Au départ, dans leur majorité, les pharmaciens étaient inquiets de vacciner, cela représentait une nouvelle mission qui semblait difficile à réaliser en sus des tâches classiques. Ils se sont organisés et ont finalement très bien accompli cette mission. J'ai l'exemple d'un pharmacien qui s'est intéressé aux bilans de médication. Grâce à une bonne gestion des tâches administratives, il est parvenu à en faire un certain nombre. La « massification » permet des économies d'échelle.
De plus, je crois énormément à l'élargissement du rôle du pharmacien. La crise sanitaire a fait comprendre à la population que le pharmacien pouvait soulager les maux du quotidien et contribuer à pallier le manque de médecins dans certains endroits tout au moins en ce qui concerne la « bobologie ». Les nouvelles missions donnent des perspectives aux pharmacies, tout particulièrement aux plus petites d'entre elles, celles dont le chiffre d'affaires se situe entre 1 et 1,5 million d'euros. Des clients me disent ainsi que la vaccination a fait venir des patients hors de leur zone de chalandise qui en ont profité pour acheter de la para et du self care. Autrefois, la pharmacie était un commerce de destination, aujourd'hui les missions augmentent le flux et le modifient. La période est propice pour se lancer dans les missions et les services car le niveau de la trésorerie lié à la pandémie pour la plupart des officines permet aux pharmaciens de prendre ce risque !
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