Le Quotidien du pharmacien.- La Mutualité Française intervient-elle dans les négociations conventionnelles entre la profession et l'assurance maladie ? Sous quelle forme ? Est-elle force de proposition ?
Éric Chenut. - Oui, la Mutualité française intervient dans les négociations conventionnelles via l’Union nationale des organismes complémentaires d'assurance maladie (UNOCAM) dont elle est membre. Pour rappel, les mutuelles participent au financement de nombreuses rémunérations des pharmaciens via le ticket modérateur. La Mutualité française se positionne en faveur des pistes de travail qui visent à améliorer l’accès aux soins et la pertinence des prises en charge. Elle est d’ailleurs favorable à l’évolution des missions des pharmaciens d’officine, notamment dans un contexte de raréfaction du temps médical, comme c’est le cas avec la possibilité ouverte aux officinaux de dispenser certains antibiotiques pour les angines et les cystites sans signe de gravité. Notre rôle est également de veiller aux impacts sur les coûts des cotisations pour les assurés sociaux.
Justement, ces évolutions ont un impact financier pour les mutuelles. Peuvent-elles l'absorber sans nouvelle augmentation des tarifs ?
Toute hausse des dépenses couvertes par les organismes complémentaires se traduit mécaniquement par une hausse des cotisations payées par les assurés. À l’inverse de la Sécurité Sociale, notre statut nous interdit d’être en déficit. Nous serons donc très attentifs à ce que l’impact des mesures issues des négociations conventionnelles soit limité pour les mutuelles. Pour mémoire, l’impact financier des mesures prévues dans la convention de 2022 est estimé à 22 millions d’euros pour les organismes complémentaires.
Aujourd'hui, la relation entre les pharmaciens d'officine et les organismes complémentaires est principalement d'ordre financier. Cette relation doit-elle évoluer et comment ?
Pharmaciens d’officine et mutuelles sont en lien via le tiers payant, afin d’assurer une prise en charge financière de certains médicaments du patient lorsqu’il se rend en pharmacie. Nous suivons également avec attention les échanges autour de projet innovants ou expérimentaux tels que la médication officinale accompagnée ou l’expérimentation BPCO.
La France a lancé un grand projet pour développer le numérique en santé. L'arrivée de l’ e-prescription est d'ailleurs prévue cette année. Comment les mutuelles et la Mutualité française s'inscrivent-elles dans ce projet ambitieux ?
Le numérique représente de nombreuses opportunités pour notre secteur. L’arrivée de l’e-prescription est une évolution intéressante à la fois pour diminuer les actes redondants mais également dans le cadre de la lutte contre la fraude. Il faut cependant garder en tête que près de 17 % des Français sont confrontés à l’illectronisme. C’est pourquoi il faut pouvoir rendre accessible la prescription médicale pour cette frange de la population, si nous ne voulons pas accroître les inégalités en santé.
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