Le Quotidien du pharmacien. - La convention s'annonce en deux temps. Cela vous semble-t-il pertinent ? Le réseau officinal n'a-t-il pas besoin de visibilité pour se projeter dans l'après-crise ?
Olivier Desplats. - Aujourd'hui, le premier volet de la convention se concentre sur la partie métier. Tout le monde est d'accord sur les évolutions proposées. En revanche, la seconde partie de la convention qui s'attaquera au volet économique et financier s'annonce plus ardue. Et risque de moins faire consensus entre les partenaires conventionnels. Car l'heure des comptes va sonner. Notre difficulté va être dans l'analyse des chiffres 2021 et même 2022 car il s'agira d'extraire les revenus liés à la gestion de la crise, notamment ceux provenant des tests. Ceux-ci ont représenté une véritable manne pour l'officine. Une manne méritée car les pharmaciens, sur le front, ont répondu présents. D'ailleurs, les équipes sont aujourd'hui épuisées. Néanmoins, ce volet financier va s’inviter dans les débats. On peut craindre que l’assurance maladie mette avant la marge supplémentaire dégagée par le réseau durant cette crise sanitaire et en use dans les négociations.
Comment stabiliser l'économie de l'officine après cette manne estimée entre 1,8 et 2 milliards d'euros ?
Il va falloir utiliser cette manne pour investir bien évidemment afin de permettre à l'officine de prendre le virage des services et se moderniser. Investir dans une surface plus grande nécessaire à la réalisation de ces services, ce qui risque a contrario de pénaliser les officines de petites surfaces. Investir également dans les ressources humaines. À ce titre, il faut également utiliser cette manne pour récompenser le personnel. La quasi-totalité de mes clients a ainsi versé une prime à ses salariés. Enfin, des investissements en matériel doivent être envisagés, notamment dans un robot pour les officines qui n'en détiennent pas. Sachant qu'un robot fait gagner un salarié à terme, cela peut être positif dans la période de pénurie de personnels que nous connaissons actuellement.
La ROSP refait son apparition au gré de cette nouvelle convention. Ce mode de rémunération est-il bénéfique pour les comptes de l'officine ?
Il est bénéfique non seulement pour l'officine mais aussi pour l'assurance-maladie car il incite à des économies. Cependant, ce système n'augure rien de bon s'il n'est pas pérenne. Or c'est ce qui se passe depuis deux ou trois ans. Les pharmaciens font le travail et finalement la ROSP diminue d'année en année pour disparaître. Sans compter que quand elle est payée, la ROSP est versée l'année suivante. Ce système n'est pas satisfaisant.
Vaccination, dispensation à domicile, mais aussi nouveaux entretiens… La multiplication des missions ne risque-t-elle pas de diluer les revenus de l'officine ?
Je ne dirais pas diluer mais diversifier. Ces missions confortent l'économie officinale. On estime que 75 % des revenus officinaux devraient provenir des honoraires. Cependant, si on extrait les vaccins, on est encore loin du compte aujourd'hui. Par ailleurs, les différentes missions et services fidélisent les patients. Ce qui ne peut être qu'un atout pour l'officine. Ceci est particulièrement vrai pour les missions de prévention. En effet, le pharmacien a prouvé tout au long de la crise sanitaire qu'il était indispensable : de par ses horaires d'ouverture, le maillage de son réseau, mais aussi de par ses compétences, notamment dans la prévention. Il y a encore deux ans, on débattait sur la vaccination à l'officine. Aujourd'hui, on se demande à quel vaccin on va élargir la vaccination en officine.
Reste que ces missions doivent être rémunérées à leur juste valeur car elles demandent un investissement. Or la vaccination est aujourd'hui sous-rémunérée. Il faudrait trouver un équilibre entre le tarif des tests et celui des vaccins.
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