« Situation dramatique », « fermetures en pagaille » et « sentiment de ne pas être entendus ». Ce jeudi, à Limoges (Haute-Vienne), environ 400 pharmaciens du Limousin (300 selon la police) ont défilé, baissant le rideau de leur officine pour alerter sur les difficultés économiques auxquelles ils sont confrontés.
Pénurie de médicaments, disparition progressive de médecins prescripteurs ou encore charges en constante augmentation. Les raisons de la colère sont nombreuses. « Il y a un mois, une pharmacie a encore fermé à Limoges. On atteint un point de non-retour. La situation de la profession est tout simplement dramatique », notait Marion Lemaire, coprésidente du syndicat des pharmaciens.
Dans le cortège, des étudiants, des préparateurs, des pharmaciens assistants étaient présents. Avec plus de 95 % de pharmaciens mobilisés, jamais Limoges n’avait connu une manifestation de blouses blanches d’une telle ampleur. « Vous vous rendez compte, on doit interrompre le traitement de diabétiques parce qu’il nous manque un injectable, le Trulicity. On passe notre temps à dire aux gens qu’on n’en a pas. On appelle toute la journée les médecins, le CHU, les laboratoires. On passe 1 h 30 à 2 heures avec mon équipe, en moyenne, chaque jour, à tenter de trouver des médicaments. Hier encore, sur une ordonnance à cinq produits, il nous en manquait trois ! On perd une énergie folle », dénonçait Isabelle Pailler, pharmacienne à Bellac depuis 30 ans. Préparatrice à Couzeix, Pascale Saintillan avait, elle aussi, tenu à être présente. « Avec cette pénurie de médicaments, on se fait engueuler quotidiennement. » À ses côtés, Nadine Carteaud, assistante pharmacienne en fin de carrière, exerçant à Verneuil-sur-Vienne s’inquiétait du démaillage du réseau pharmaceutique. « Si je suis là aujourd’hui, c’est surtout pour les jeunes. La rémunération des médicaments diminue comme peau de chagrin. La survie des petites pharmacies est en jeu. »
Sur une longue banderole blanche déployée au cœur de la manifestation, s’affichait en lettres vertes l’inquiétude de toute une profession. « Déserts pharmaceutiques, pénuries de médicaments, santé au rabais. Notre combat, votre santé. »
Certaines absences veulent parfois dire beaucoup. Si les pharmaciens réquisitionnés ne pouvaient évidemment pas être présents dans le cortège, d’autres manquaient à l’appel. « Fermer l'officine pour venir manifester, certains n’ont pas pu, avouait Marion Lemaire, avant d’être reçue en délégation à la préfecture. Économique pour eux, baisser le rideau une demi-journée n’était tout simplement pas possible. Ils me l’ont expliqué. En pleurs… »
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