Lors de la 36e Journée de l’Ordre national des pharmaciens, la ministre de la Santé a annoncé quelques bonnes nouvelles à la profession, et de moins bonnes. S’il faut s’attendre à des avancées sur les renouvellements exceptionnels, la prescription de substituts nicotiniques ou la substitution, en revanche, sur la dispensation à l’unité, la ministre ne lâche rien.
Dans son discours adressé à la ministre de la Santé lors de la 36e Journée de l’Ordre national des pharmaciens, le 25 novembre, la présidente de l’Ordre Carine Wolf-Thal a dressé la liste des dossiers en attente, voire en souffrance, qui permettraient de faire avancer la profession. Sur plusieurs points, Geneviève Darrieussecq a rassuré. Les pharmaciens pourront très prochainement effectuer des renouvellements exceptionnels pour 3 mois pour les traitements chroniques. « J’ai signé le texte la semaine dernière », a lancé la ministre, ravie. Il ne reste plus qu’à attendre la publication au « Journal officiel » de ce décret d’application de la loi Rist 2 de 2023. Autre bonne nouvelle : l’expérimentation du remboursement des substituts nicotiniques délivrés sans ordonnance en pharmacie (en attente cette fois depuis la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour… 2022) « débutera au printemps 2025 », a annoncé Geneviève Darrieussecq. « Depuis plusieurs mois nous travaillons directement et activement avec l’assurance-maladie pour définir les modalités précises de mise en œuvre et d’évolution ». Faut-il encore définir les régions expérimentatrices.
Geneviève Darrieussecq a également promis que la réforme du 3e cycle des études de pharmacie avec réorganisation du parcours officinal sera effective pour la rentrée 2025, avec création d’un DES court de deux semestres. « L’augmentation du temps de formation en stage s’accompagnera d’une indemnité de stage rehaussée et d’une indemnité forfaitaire de transport. » Sans confirmer les montants. C’est au moins la quatrième ministre de la Santé à annoncer l’exécution de la réforme des études de pharmacie, lancée depuis 2017. Une annonce d’autant plus attendue que la création d’un DES pour chacune des filières favorise les reconversions professionnelles et la création de passerelles, un plus pour l’attractivité du métier.
Parmi les grandes préoccupations actuelles – la financiarisation et les mesures de libéralisation qui pourraient s’inviter dans un projet de loi en préparation sur la simplification, notamment la vente en ligne – la ministre n’a répondu que sur la financiarisation et ses risques. Elle a montré son soutien pour donner un plus grand pouvoir de contrôle aux ordres professionnels, à l’inscription mais aussi tout au long de la vie des structures. Tout en invitant au passage les pharmaciens « à faire le ménage chez eux ».
Autre sujet d’inquiétude : les ruptures de stock de médicaments. Alors que l’Ordre trouve « trop complexes » les procédures de substitution par le pharmacien des médicaments en rupture, dépendant de recommandations de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui ne viennent pas, Geneviève Darrieussecq a « demandé à l’ANSM d’accélérer la production de ses recommandations pour permettre des substitutions en cas de pénuries sur les produits ».
Le bras de fer s’est finalement tenu autour de la dispensation à l’unité. Alors que Carine Wolf-Thal a démontré tout au long de la journée l’incongruité d’un dispositif « loin de pouvoir régler toutes les situations critiques », que le Sénat a également retiré du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, la ministre de la Santé, consciente qu’il s’agit « plus d’un process industriel que d’un concept de délivrance », a campé sur ses positions : elle tient à l’étendre aux moments « où ce sera nécessaire, quand il y aura des périodes de crise ou d’approvisionnement sur certains médicaments », notamment pour les médicaments dont la demande fait l'objet de variations saisonnières.
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