L’arrêté paru hier, dimanche 26 avril, permettant aux pharmaciens de vendre des masques grand public, a pris de court la profession. Deux questions subsistent en effet : comment s'approvisionner rapidement pour répondre à une population qui n'attend pas le déconfinement pour vouloir en acheter, et surtout à quel prix faut-il les vendre afin qu'ils restent accessibles à tous ?
Branle-bas de combat ce matin dans les officines. Les Français, informés par les médias tout au long de la journée d’hier, se sont précipités dans leur pharmacie pour se procurer les masques grand public que les officines sont désormais autorisées à leur vendre. « J’avais à peine ouvert ma pharmacie depuis un quart d’heure que, déjà, j’avais sept demandes de masques », tweetait ce matin, la députée Agnès Firmin-Le Bodo, titulaire au Havre.
Mais bien avant la vente, la première tâche des pharmaciens aura été ce matin d’assurer leur approvisionnement. Car la pression monte chez les officinaux, dont la majorité ne peut aujourd’hui répondre à la demande des patients. Certains pharmaciens sont même très remontés contre le gouvernement qui les a mis au pied du mur alors même que la profession réclamait depuis le 6 avril l’extension de la liste des produits autorisés à la commercialisation en officine. « On a créé une frustration supplémentaire chez les pharmaciens et dans la population, alors même qu’on aurait pu orchestrer cette distribution il y a un mois, dès l’avis de l’Académie de médecine », déplore Hervé Jouves, président de Lafayette conseil.
Les groupements, premier canal d’approvisionnement des pharmacies en masques grand public, s’étaient positionnés très tôt sur ce marché, sans toutefois pouvoir prendre de pari sur des quantités trop importantes. « Toutes les pharmacies Pharmacorp ont été approvisionnées, et ce matin tous les masques étaient vendus. Nous allons devoir accélérer les cadencements », expose Laurent Filoche, président du groupement Pharmacorp et de l’Union des groupements de pharmacies d’officine (UDGPO). Il indique par ailleurs que la multiplication des fournisseurs va infléchir les prix de vente.
Le prix constitue en effet le deuxième volet de cette problématique des masques. Sur BFM, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a interpellé le Premier ministre Édouard Philippe, afin que les masques soient pris en charge par l’État pour les personnes les plus démunies, notamment par l’assurance-maladie pour les personnes à la CMU. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) confirme de son côté que des négociations sont en cours avec le directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) pour que les masques soient pris en charge pour certaines personnes et selon certaines modalités. Dans le Webinar qu’il organisait hier, le président de l’USPO a proposé que le tiers payant puisse être accordé à ces masques avec une inscription automatique au DP. Invité de ce Webinar, Gérard Raymond, président de France assos santé, a lui aussi revendiqué que les masques soient inscrits au remboursement pour les patients en ALD.
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