Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a dévoilé l'édition 2023 de l'Atlas de la démographie médicale. Il révèle une baisse du nombre de médecins actifs réguliers, ainsi qu'un « abandonnisme » des étudiants.
« La France n'a jamais compté autant de médecins », ironise le Dr Jean-Marcel Mourgues dans son éditorial de l'Atlas de la démographie médicale 2023. Car si le nombre de médecins actifs est de 234 028 en 2023 (contre 232 891 en 2022 et 215 663 en 2010), cette hausse est artificielle, alerte le vice-président de l’Ordre des médecins.
En effet, depuis 2010, le nombre de médecins en activité régulière a baissé de 1,3 %. Ce sont les médecins en cumul emploi-retraite (+259,2 %) et les intermittents/remplaçants (+64,4 %) qui expliquent la hausse globale du nombre de médecins. Une augmentation artificielle donc, en partie portée par une population de retraités qui va inévitablement diminuer dans les années à venir.
De plus, on observe une diminution du nombre de généralistes (-1 146 en 2022). Ainsi, entre 2010 et 2023, leur effectif a baissé de 2 % tandis que celui des spécialistes médicaux a augmenté de 17,9 %, et celui des spécialistes chirurgicaux de 19,6 %. Par ailleurs, 48,2 % des médecins en activité régulière sont salariés, détrônant pour la première fois le libéral.
Autre sujet de préoccupation, « les inégalités territoriales persistent et se creusent », souligne Jean-Marcel Mourgues, en particulier chez les généralistes, qui privilégient le littoral atlantique et les reliefs savoyards, territoires plus attractifs car mieux dotés (opportunités d'emploi, sécurité, transports, présence de crèches ou d'hôpitaux…).
L’Atlas 2023 montre aussi une nette augmentation du nombre de médecins à diplômes étrangers, qui représentent 12,5 % des inscrits, contre 7,1 % en 2020. Ils sont surreprésentés au sein des spécialistes médicaux et chirurgicaux (16,9 % et 19,9 %) par rapport au milieu généraliste (6 %), et davantage implantés dans les départements en sous-densité médicale.
L'Ordre s'inquiète aussi de « l'abandonnisme » des étudiants en médecine. Sans avancer de chiffre précis, le Dr François Arnault déplore que même « après dix ans d’études, certains n’exercent pas ce métier ». Selon lui, « la désaffection des jeunes s'explique par les conditions d’exercice actuelles », qui ont un effet dissuasif à l’hôpital comme en cabinet libéral. « L'exercice n’est pas attractif pour les jeunes médecins », insiste le président de l’Ordre, regrettant que gouvernement et parlementaires « écoutent mais ne passent pas aux actes » sur ce sujet. « Ouvrir le numerus clausus était indispensable, mais ce n’est pas suffisant », plaide-t-il, prévenant que « les projections seront certainement pires que ce que l’on imagine si nos parlementaires, nos gouvernants, continuent à charger la barque des médecins ».
Avec l'AFP
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