Pendant quelques jours, des pharmaciens de Montélimar (Drôme) ont pu vacciner des patients dans leur officine avec des doses de… Pfizer. Une opération ponctuelle pour venir en aide au centre de vaccination local qui risquait de devoir jeter des doses faute de pouvoir les injecter à temps.
Les syndicats réclament depuis de longues semaines le droit de pouvoir utiliser le vaccin à ARNm Pfizer en officine mais se heurtent pour l'instant au refus des autorités sanitaires qui ont encore récemment rappelé que les officinaux devraient d'abord utiliser le vaccin Moderna. Parfois, des situations d'urgence appellent néanmoins à revoir les règles en vigueur et à faire preuve de réactivité. C'est ce qui s'est passé à Montélimar la semaine dernière. Confronté à un surstock de vaccins Pfizer, le centre de vaccination de la sous-préfecture de la Drôme redoutait de devoir jeter de précieuses doses à la poubelle. Titulaire à Montélimar, Gilles Bonnefond, le désormais ex-président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), et d'autres officinaux de la ville sont alors appelés à la rescousse. « On a décidé de faire appel à nous pour écouler les doses qui risquaient d'être perdues. Cinq officinaux de la ville se sont portés volontaires, ils sont venus au centre pour être formés à la reconstitution des flacons, puis ont reçu directement à la pharmacie des doses qu'il a donc fallu injecter dans un délai de 5 jours », détaille-t-il. Entre la fin de la semaine dernière et le début de celle-ci, les officinaux impliqués auront réussi à utiliser 60 flacons de vaccins Pfizer, selon les chiffres de Gilles Bonnefond. L'acte a été rémunéré au même prix que pour les autres vaccins (soit 7,90 euros). L'opération avait bien sûr été autorisée par l'agence régionale de santé (ARS) avant de débuter.
Parmi les participants, Julie Neury et Mathias Ollivier de la pharmacie Kennedy. Lorsqu'elle a été contactée par Gilles Bonnefond, la titulaire n'a pas hésité une seconde avant d'accepter de se joindre à l'opération. « En 5 jours, nous avons vacciné 119 personnes et utilisé 17 flacons. Cela n'a pas été difficile à mettre en place car nous avions le personnel pour et, surtout, nous avions une liste d'attente déjà constituée avec des patients qui devaient recevoir le vaccin Moderna dans quelques jours », explique l'officinale. Quelques coups de fil auront donc suffi pour recruter des patients ravis d'apprendre qu'ils pourraient finalement être vaccinés un peu plus tôt que prévu. « En termes d'organisation la seule différence avec les autres vaccins c'est de devoir respecter le délai de conservation de 5 jours, donc mieux vaut avoir une liste de patients qui peuvent être rapidement disponibles sinon cela peut devenir compliqué. En dehors de cela, je n'ai pas été confronté à la moindre difficulté, je ne vois pas ce qui pourrait contre-indiquer l'utilisation du vaccin Pfizer en officine », estime Julie Neury sur la base de cette expérience. Selon Gilles Bonnefond, les patients qui ont reçu leur primo-injection Pfizer en officine pourront d'ailleurs revenir voir le pharmacien qui les a vaccinés pour recevoir leur seconde dose.
L'arrivée du vaccin Pfizer en pharmacie, qui pourrait être facilitée par la récente décision de l'Agence européenne du médicament (EMA) de porter de 5 jours à un mois le délai de conservation au réfrigérateur, serait d'autant plus bienvenue qu'il devient de plus en plus difficile de recruter des patients de plus de 55 ans pour leur injecter des doses d'AstraZeneca et de Janssen. « Ils savent qu'il est très facile d'avoir accès au vaccin Pfizer. Pour planifier 10 rendez-vous avec AstraZeneca et Janssen, on doit contacter 50 personnes aujourd'hui », résume la titulaire.
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