Si, lors d’une énième négociation salariale, les syndicats patronaux se sont montrés ouverts à une augmentation de la valeur du point, les parties n’ont pas trouvé d’accord après plus de 2 heures de discussion. Les négociations reprendront le 18 octobre. Résumé.
La commission paritaire permanente de négociation et d'interprétation (CPPNI) organisée le 16 septembre entre la chambre patronale et les syndicats de salariés pour parler salaire a été interrompue sans accord.
« Nous ne sommes pas du tout contents », annonce d’emblée Christelle Degrelle, représentante du syndicat CFE-CGC. Même ambiance chez Force Ouvrière (FO) : « Je suis assez dépité pour les salariés de la pharmacie », lance David Brousseau, secrétaire fédéral Officine
Alors que les syndicats de salariés revendiquaient une hausse significative de la valeur du point, notamment 6 % du côté de FO, « l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) est revenue avec un mandat à 0,5 % qu’elle a monté à 0,8 %, et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a fait preuve d’originalité », raconte David Brousseau. La FSPF a en effet proposé une augmentation de 2 % pour les salariés non-cadres et une revalorisation de 1 % pour les salariés cadres.
« L’objectif de cette proposition, inédite en pharmacie d’officine, était de pouvoir améliorer plus fortement le pouvoir d’achat des salariés non-cadres dont les niveaux de rémunération les exposent davantage aux effets de l’inflation, justifie la FSPF dans un communiqué. À titre d’exemple, sur la base d’un coefficient 250 de préparateur et d’un coefficient 500 de pharmacien, cette augmentation différenciée aurait permis d’octroyer, dans les deux cas, une revalorisation identique de 38 euros bruts par mois. »
Refus catégorique des syndicats de salariés. Pour Christelle Degrelle, « la première chose que nous n'acceptons pas c'est la volonté de la FSPF de séparer cadres et non cadres. C'est inadmissible ». Pour David Brousseau : « C’est la porte ouverte à la grille par catégorie : une pour les BP, une pour la licence… »
Les syndicats de salariés ont alors proposé de repositionner le SMIC sur le coefficient 100, le plus petit coefficient de la grille, et une augmentation de 2 % pour tous les autres coefficients, applicables tout de suite pour les pharmacies adhérentes aux syndicats signataires.
« Si la FSPF avait dit “OK”, nous aurions signé, par solidarité, lance la représentante de CFE-CGC. La FSPF est revenue avec 1,2 %, nous ne pouvons pas accepter. Les employeurs se moquent des salariés, nous n'avons pas de poids, sommes pris en otage. Avant, la FSPF voulait attendre la fin des négociations avec la CNAM, maintenant elle veut attendre d'avoir l'argent, à chaque fois il y a quelque chose pour repousser l’échéance. Les salariés sont les dindons de la farce. Les titulaires acceptent les nouvelles missions mais ensuite ce sont les adjoints et les préparateurs qui les assument. » « Si on accepte 1,2 % maintenant, avec les délais d’extension, les augmentations de salaires ne s’appliqueront pas avant début 2025. On ne pourra donc plus repartir en négociation début 2025 car on va nous dire que les salariés viennent d’être augmentés », conclut David Brousseau.
Les discussions ont été interrompues à ce stade, après plus de 2 heures de réunion un brin tendues.
La suite le 18 octobre
« On ne peut pas aller au-delà de ce que permet l'économie actuelle de l'officine, on ne peut pas donner ce qu'on n'a pas, explique Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. Les experts-comptables me disent qu'ils n'ont pas vu de bilans aussi mauvais depuis 30 ans. Les défaillances d'entreprises se multiplient. L'avenant n'apportera rien pour cette année, nous allons perdre 25 millions d'euros de marge sur les produits de contraste. Cela se détériore sur d'autres points, les lits médicalisés notamment. » Et d’ajouter : « Les salariés doivent comprendre qu'on ne peut pas proposer plus que cela aujourd'hui, au vu de l'économie officinale, sauf à envisager des mesures comme des licenciements. »
La licence des préparateurs, la prime d'équipement, la possibilité de raccourcir la durée de passage entre deux coefficients sont des points qui n’ont pas été abordés, bloqués par les négociations sur la hausse du point.
Reprise des discussions le 18 octobre.
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