AME, pour aide médicale d’État, et PADHUE, pour praticiens diplômés hors de l’Union européenne : ce sont les deux acronymes sur lesquels bute le Rassemblement national, qui entend imprimer son idéologie de préférence nationale au système de santé français. Lors d’un débat organisé par les cinq rédactions du Groupe Profession Santé dont le « Quotidien du pharmacien », le 20 avril, le Dr François Braun, référent santé d’Emmanuel Macron, a répondu au Dr Patrick Barriot, référent santé de Marine Le Pen.
Au cours du débat organisé par le « Quotidien du pharmacien » et les quatre autres rédactions du Groupe Profession Santé, les référents santé des deux candidats au deuxième tour de l’élection présidentielle ont établi un constat similaire sur les maux qui rongent le système de santé français.
Mais le consensus s’arrête là. Car l’idéologie reprend rapidement le dessus pour le référent santé de Marine Le Pen lorsqu’il s’agit de dénoncer l’AME (aide médicale d’État) ou encore le PADHUE, ce dispositif qui permet à des praticiens diplômés hors de l’Union européenne d’exercer en France. « Marine Le Pen veut restreindre le recours à ces praticiens car il s’agit d’une appropriation des médecins qui manquent ensuite à leur pays », expose le Dr Patrick Barriot, anesthésiste réanimateur, directeur médical de l'Institut européen de formation en santé, soulignant que l’Algérie a récemment dénoncé ce phénomène. Il y aurait ainsi, selon lui, « 1 500 médecins algériens ainsi appropriés par la France ».
Le référent santé insiste par ailleurs sur l’obligation d’une autorisation « réelle » au regard des compétences de ces médecins et de leur maîtrise de la langue française. Ce qui est, selon lui, loin d’être le cas. Il en veut pour preuve la présence dans les établissements de santé français de « plusieurs milliers de médecins dans le flou juridique le plus total », et pointe à titre d’exemple les hôpitaux de Dreux ou Gonesse qui détiennent « un nombre anormalement élevé de médecins d’origine étrangère, ne maîtrisant pas le français ».
Selon le ministère de la Santé, 5 000 praticiens exercent actuellement sous ce statut dans les hôpitaux publics. Le Dr François Braun, médecin chef des urgences du CHR Metz-Thionville, président de Samu-Urgences de France, rappelle cependant que l’affectation de ces diplômés répond à une procédure de vérification des connaissances (EVC), voire en cas de besoin, de consolidation des compétences (PCC). « Ainsi, sur les 585 dossiers déposés depuis le changement de la loi, essentiellement pour des spécialités en souffrance, telles la gériatrie ou la psychiatrie, ce qui répond donc à un besoin, la moitié a été acceptée, la moitié environ a été orientée vers le parcours d’amélioration des connaissances et 5 % ont été refusés », expose celui qui est aussi membre de la commission d’autorisation d’exercice en médecine d’urgence. Le Dr Braun insiste par ailleurs sur un chiffre : « En France, 10 à 12 % des médecins qui exercent ont obtenu leur diplôme à l’étranger. Au Canada, au Royaume-Uni et en Irlande, c’est un tiers et ils ne sont pas moins bien soignés ! »
Voir des extraits du débat, avec l'évocation du PADHUE (1.45 minutes à 2.25 minutes) et de l'AME (2.25 minutes à 2.56 minutes).
De même, le référent santé d'Emmanuel Macron réfute, par les chiffres et par l'éthique, la proposition du Rassemblement national de supprimer l’AME. « Elle ne représente que 0,5 % du budget de la Sécurité sociale », remarque-t-il. Et le médecin urgentiste d’ajouter que vouloir la restreindre aux situations extrêmes, « c’est courir le risque que tout le monde sature les urgences ! ». De plus, pointe-t-il, retarder les soins engendre l’aggravation des pathologies et par conséquent des traitements beaucoup plus coûteux. « En 2013, lorsqu’elle n’existait pas, il y avait 15 % plus de décès parmi les migrants. » Pour lui, supprimer l’AME heurterait sa sensibilité médicale et la conception humanitaire qu’il a de son métier. Sans compter le risque sanitaire que cela ferait courir à la population générale.
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