Les études en vie réelle sont formelles. La vaccination contre le Covid-19 protège les enfants et adolescents contre le PIMS, ce syndrome qui se manifeste 4 à 6 semaines après l’infection et peut conduire en réanimation. D’après les données recueillies, la différence est nette entre population vaccinée et non vaccinée. Elle est encore plus nette pour les 12-17 ans chez qui la vaccination s’est ouverte le 15 juin. Résultat : les adolescents sont beaucoup moins nombreux à être hospitalisés en raison d’un PIMS à l’issue de la campagne.
« Nous avons eu une vague de PIMS en octobre qui a concerné une centaine d’enfants et une trentaine d’adolescents. À cette date, la plupart des ados hospitalisés avaient au mieux reçu une dose de vaccin, mais en majorité ils n’en avaient reçu aucune. Maintenant plus de 80 % des 12-17 ans sont vaccinés deux doses mais 90 % de ceux atteints de PIMS en réanimation ne sont pas vaccinés », constate le Pr François Angoulvant*, pédiatre à l’hôpital Robert-Debré à Paris.
Hausse des cas
En France, autant la vaccination des 12-17 ans a été un succès, autant celle des 5-11 ans, ouverte depuis décembre, patine. Et cela bien plus que dans d’autres pays où la vaccination pédiatrique contre le Covid a été mise en place. Selon le Pr Alain Fischer, pédiatre et président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV), la couverture vaccinale de cette tranche d’âge est comprise entre 20 et 50 % à l’étranger, mais n’atteint pas même les 4,5 % en France, avec seulement 257 000 enfants ayant reçu au moins une dose. Le gouvernement a tenté de lever des freins en ouvrant de nouveaux lieux de vaccination, notamment en pharmacie, en allégeant l’obligation d’accord parental (un seul parent suffit) et en permettant que l’enfant soit accompagné par une autre personne que son père ou sa mère. Même si un grand nombre d’enfants a été contaminé par Omicron ces dernières semaines, repoussant de deux mois la possibilité de les vacciner, il semble surtout que le principal frein n’est pas levé : la réticence des parents. Selon l’enquête CoviPrev de SPF menée du 11 au 18 janvier, seuls 33 % des parents sont favorables à la vaccination de leurs enfants de 5 à 11 ans.
C’est pourquoi le ministère de la Santé insiste sur les 849 cas de PIMS enregistrés en France depuis le début de l’épidémie et dont le nombre est en « très nette augmentation depuis fin 2021 », et surtout au cours des trois premières semaines de 2022. Or, rappelle le Pr Angoulvant, la survenue d’un PIMS n’est pas liée à la sévérité du Covid. « La plupart des enfants hospitalisés pour PIMS ont eu un Covid pauci- ou asymptomatique. Le PIMS c’est la forme sévère du Covid des enfants sans comorbidité. »
Frilosité
Lors d’une audition par une commission d’enquête du Sénat le 9 février, le Pr Fischer a de nouveau déploré la faible vaccination des enfants, soulignant les difficultés provoquées par « l’imprudence dans son expression » de la Société française de pédiatrie. Il estime qu’elle « a été lente et pas assez vigoureuse dans la prise de position favorable à la vaccination, désormais acquise mais sur la pointe des pieds. Il faut qu’elle évolue car il n’y a aucun argument aujourd’hui en faveur de cette frilosité à la vaccination des enfants ». Une autre évolution pourrait intervenir dans les semaines à venir, précise le Pr Angoulvant. « En France, le fait d’avoir fait un PIMS est une contre-indication à la vaccination contre le Covid. Nous pensions qu’il pouvait y avoir un risque de récidive après vaccination, mais d’autres pays recommandent au contraire la vaccination après un PIMS. Leurs données sont plutôt rassurantes et le comité de pilotage PIMS va proposer de faire évoluer la position française. »
* Le Pr Angoulvant intervenait lors d’un point presse, le 10 février, organisé par l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes sur les recherches autour de l’impact du Covid-19 sur la santé des enfants.
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