Alors qu'un nouveau conseil de défense sanitaire s'est tenu ce jeudi matin, plusieurs questions relatives à l'évolution des mesures prises pour lutter contre l'épidémie sont sur la table. Parmi elles, un possible changement de la politique en matière de tests avec, peut-être, la réhabilitation des prélèvements salivaires.
Si de nombreuses études ont démontré que les prélèvements salivaires étaient beaucoup moins efficaces que les nasopharyngés pour détecter le variant Delta, en est-il de même avec le variant Omicron ? Selon de nouveaux travaux, prépubliés sur la plateforme « Medxriv » le 12 janvier, il semblerait que non. En analysant les tests positifs de patients sud-africains, les chercheurs ont établi que la fiabilité du prélèvement salivaire était proche de 100 % lorsqu'il s'agissait du variant Omicron, contre 86 % avec un prélèvement nasopharyngé. « L’approche traditionnelle du diagnostic des infections respiratoires a toujours été de privilégier le prélèvement nasal (...) mais Omicron apparaît d’abord dans la bouche et la gorge. Cela signifie que l’approche (…) pour les tests est problématique », résume ainsi le Dr Donald Milton, expert en virus respiratoires à l’université du Maryland, dans les colonnes du « New York Times ».
Face à ce constat, la question de l'utilisation des prélèvements salivaires pourrait être réétudiée. Le journal « Le Parisien » affirme notamment que la Haute Autorité de santé songerait sérieusement à remplacer les tests utilisés aujourd'hui par les prélèvements salivaires, au moins pour une partie de la population. Le ministère de la Santé a également reconnu qu'il était en phase de réflexion sur ce sujet. « On est en train d’instruire ce dossier, de générer des données pour comparer l’efficacité des deux méthodes », ont déclaré des représentants de l'avenue de Ségur au « JDD ».
Aujourd'hui en France, aucun test salivaire rapide n'a été validé par les autorités sanitaires. Seul moyen pour utiliser la salive en vue de détecter le virus : le prélèvement pour analyse par RT-PCR. Ce qui n'est pas sans poser de problème au niveau de la logistique. « Les prélèvements sont analysés en laboratoire et il faut attendre plusieurs heures pour le résultat. Sur le plan de l’efficacité logistique, les tests antigéniques, qui donnent un résultat en quelques minutes, l’emportent », rappelle Gilles Bonnefond, porte-parole de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) dans un article publié par « 20 minutes ». Rappelons au passage que les pharmaciens ne sont pas autorisés à réaliser des prélèvements salivaires en officine.
Deux autres écueils pourraient nuire à une utilisation plus fréquente des prélèvements salivaires. S'il est devenu minoritaire en France, le variant Delta n'a pas disparu pour autant et pour ce dernier les tests nasopharyngés restent plus performants. Enfin, « le prélèvement salivaire n’est pas le plus sensible, il fait des faux négatifs, souligne Gilles Bonnefond. Ce que vous avez bu ou mangé peut modifier le pH de la bouche et altérer le résultat ». Autant d'éléments que les autorités sanitaires devront prendre en compte si elles souhaitent réviser la politique actuelle en matière de tests.
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