L’année 2015 a été marquée par de nombreuses modifications de prix des médicaments. D’abord en raison de l’entrée en vigueur de l’honoraire à la boîte qui a entraîné des changements de tarifs de la quasi-totalité des spécialités. Mais aussi à cause d’une politique de baisses de prix qui s’est accentuée. Certaines baisses étaient prévues par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2015. D’autres correspondent à une anticipation des économies attendues pour 2016. Quoi qu’il en soit, la tendance n’est pas prête de s’arrêter. Le directeur général de l’assurance-maladie (CNAM), Nicolas Revel, indique lui-même que l’intensité des baisses de prix se poursuivra sur 2016 et 2017, et peut-être au-delà.
Concrètement, la LFSS pour cette année prévoit la mise en œuvre d’un plan d’économies de 3,4 milliards d’euros avec une contribution sur le médicament de l’ordre de 1,5 milliard. Des baisses de prix sur les génériques sont envisagées à hauteur de 300 millions d’euros. « Ces baisses de prix sur six nouvelles classes thérapeutiques, ainsi que leur impact sur les remises, se traduiraient, si elles étaient appliquées sèchement, par une perte de 120 millions d’euros de ressources pour le réseau officinal, déplore la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Les officines supporteraient ainsi à elles seules 40 % des économies attendues. »
Également inquiet par cette nouvelle pression sur les prix, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ajoute que les réductions tarifaires vont notamment concerner les traitements du système nerveux central et les statines dont les prix pourraient subir un nouveau coup de rabot de 16 % en 2016.
L’impact des baisses de prix sur la rémunération représente 208 millions d’euros en 2014 et devrait, au total, avoisiner les 220 millions d’euros en 2015. Sur les six premiers mois de l’année, 99,6 % des officines ont été impactées par les réductions tarifaires, avec une perte moyenne par pharmacie de 4 857 euros, selon l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF).
La chaîne du médicament ébranlée
Au-delà de l’officine, les efforts demandés sur les prix des spécialités inquiètent également les autres acteurs de la chaîne du médicament. À commencer par les industriels, touchés de plein fouet par les plans d’économies successifs. Les entreprises du médicament (LEEM) pointent des signes d’affaiblissement de leur secteur, comme la chute de la valeur ajoutée de la production pharmaceutique, le faible nombre de molécules produites (8 contre 28 en Grande-Bretagne et 32 en Allemagne), ainsi que le recul des investissements sur les sites français. Dans un document publié en novembre, le LEEM pointe une contribution du médicament aux économies de dépenses de santé de plus en plus lourde, qui se traduit par une récession durable du chiffre d’affaires du médicament de ville et une dépense en médicament par habitant bien inférieure à certains pays, dont la Suisse et l’Allemagne. Le GEMME, qui regroupe la plupart des fabricants de génériques, affirme de son côté que « le médicament générique ne doit pas contribuer aux mesures d’économies dans une proportion plus importante que sa part dans les dépenses d’assurance-maladie ».
Autre maillon particulièrement concerné par les plans médicament, les grossistes-répartiteurs. Dès l’annonce du PLFSS pour 2016, la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) a alerté le président de la République des conséquences pour ses entreprises, déjà fragilisée. Elle estime que les mesures de baisses de prix des médicaments se traduiront par une diminution des ressources des entreprises de la répartition d’au moins 50 millions d’euros. « Demain, sans répartition pharmaceutique, pas de médicament pour tous et partout ! », prévient-elle dans une lettre ouverte adressée au chef de l’État.
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