L’avenant n° 11 à la convention pharmaceutique, signé cet été par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et l’assurance-maladie, prévoit de détacher davantage la rémunération des pharmaciens du prix des médicaments. De nouveaux honoraires seront ainsi instaurés à partir de 2019, tandis que les taux de marge seront modifiés dès l'année prochaine. Mais le texte envisage également de nouvelles missions pour les officinaux, tel le bilan de médication. Cependant, si les partenaires étaient déjà tombés d'accord sur le principe, restait encore en définir les modalités pratiques. C’est tout l’objet de l’avenant n° 12 qui vient d’être paraphé par l’USPO (voir ci-dessous).
Pour son président, Gilles Bonnefond, ce texte s'inscrit dans la continuité de l'avenant n° 11. Il est conforme aux recommandations de la Haute Autorité de santé et à l’accord conventionnel conclu cet été. « Le bilan de médication représente un élément d’évolution du métier, un facteur de croissance pour les offiicnes, et confirme leur rôle important dans le parcours de soins des patients et dans la lutte contre le risque iatrogène en relation avec les médecins », estime-t-il.
Un bémol sur la rémunération
Non-signataire de l’avenant n° 11, notamment en raison du volet économique qu’elle juge insuffisant pour compenser les baisses de prix à venir, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) se dit toutefois favorable à la mise en place de bilans de médication. « C’est pour cela que nous avons participé aux négociations », indique son président, Philippe Gaertner. Mais la FSPF n’a pas encore apposé sa signature au bas de l’avenant n° 12. La décision doit être prise dans les prochains jours lors d’une assemblée générale du syndicat. Philippe Gaertner fait toutefois remarquer qu’une demande de son organisation a été retenue, à savoir la prise en compte des médicaments non remboursables à prescription médicale obligatoire dans le nombre de molécules ouvrant droit à la réalisation d'un bilan de médication (à partir de cinq molécules). À noter que les spécialités associant deux principes actifs comptent pour deux molécules. En revanche, le sujet du montant de la rémunération, non pas pour la première année, mais pour les années suivantes, reste un problème aux yeux du président de la FSPF. « Nous trouvons étonnant de ne pas accorder en accompagnement de bilan de médication le même montant que ce qui est accordé pour l'accompagnement AVK ou AOD », explique-t-il.
Bientôt des formations
Quoi qu’il en soit, l’USPO ayant la possibilité de signer seul un avenant, les pharmaciens qui le souhaitent pourront commencer à réaliser des bilans de médication dès 2018. Gilles Bonnefond précise que des formations vont être prochainement proposées par la société de pharmacie clinique afin que les officinaux puissent être formés rapidement. « Il n’y a pas une obligation de se former mais on le recommande fortement », souligne le président de l’USPO, qui demande une prise en charge dans le cadre du DPC.
En ce qui concerne le nombre de bilans susceptibles d’être menés, Gilles Bonnefond rappelle que l’accord signé en juillet table sur 20 entretiens par officine et par an. Mais le président de l’USPO augure que ce chiffre sera largement dépassé, car les patients en EHPAD peuvent en bénéficier. « Environ 4 millions de personnes sont concernées et je pense que l’on atteindra 50 patients par pharmacie la première année, ce qui se traduirait par une rémunération de 3 000 euros », avance-t-il. Le directeur général de l’assurance-maladie est lui aussi optimiste. « Je ne pense pas que nous soyons trop ambitieux sur le nombre de bilans à réaliser », affirmait Nicolas Revel lors du dernier Congrès national des pharmaciens à Montpellier. L’objectif de 20 bilans par an et par officine ne lui semble pas hors de portée pour la profession. Quoi qu’il en soit, rappelait-il dans notre édition du 2 novembre, « une clause de revoyure a été introduite dans l’accord conventionnel pour vérifier la montée en charge au terme de la première année et envisager, le cas échéant, des ajustements ».
A la Une
Baisses de prix sur les pansements hydrocellulaires, et ce n’est pas fini
L’USPO appelle les autorités à réagir
Un mauvais départ pour la campagne vaccinale contre la grippe
Autour de l’ordonnance
Les RGO du nourrisson et les IPP
Saga des marques
Même, tout un univers du soin spécifique en un mot