François Martial, président de l’URPS Pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine* a animé, le 9 mars dernier à Bordeaux, la première soirée d’une série qui devrait l’amener à la rencontre des pharmaciens de toute la région. Une soirée placée sous le signe de l’union, car il était accompagné à la tribune de plusieurs confrères pharmaciens, représentant l’Ordre, l’ARS, la CNAM et l’OMEDIT. « Nous sommes là, unis pour défendre la proximité, la qualité et l’expertise du pharmacien et aller résolument vers nouvelles missions de l’officine, a-t-il souligné, devant une centaine de pharmaciens et d’étudiants. Le pharmacien est le seul docteur accessible partout et sans RV. C’est notre force ! »
Une année après sa mise en place, l’URPS a pris son bâton de pèlerin pour présenter ses actions : carnet de vaccination électronique, expérimentation de messagerie sécurisée (Landes), actions de dépistages DMLA, armoire à pharmacie et iatrogénie (Poitou-Charentes), succès de l’opération Journée sans tabac en Haute-Vienne**, conciliation pharmaceutique dans le cadre du PAERPA de Bordeaux…
Vaccination et démarche qualité
Sans oublier la vaccination contre la grippe pour laquelle La Nouvelle-Aquitaine sera l’une des deux régions pilotes : « Seuls les pharmaciens volontaires et formés vaccineront, rappelle Pierre Bèguerie président du conseil régional de l’Ordre. Mais il faut montrer que nous sommes nombreux ! ». La rémunération, en discussion, tournerait autour de 10 € par vaccination.
Également au cœur des nouvelles modalités d’exercice, la démarche qualité concerne près de 10 % des officines régionales. Une étude (voir encadré) menée par l’ARS en 2016, montre les efforts restants à accomplir. Mais la profession avance. Sécurité, qualité, missions de santé publique sont les meilleures armes pour défendre un monopole menacé. Les pharmaciens présents à Bordeaux en sont convaincus, mais ils sont souvent désabusés quant à l’issue du combat…
« On s’épuise pour rien ! »
« On passe des heures à tout faire comme il faut (double contrôle des ordonnances, démarche qualité) pour zéro euro ! s’insurge une titulaire girondine. On s’épuise pour rien. Pourtant, je ne fais pas ce métier pour vendre du Mustela à 3 euros ! »
« Depuis 10 ans, les exigences de qualité augmentent et nos rémunérations baissent, à quoi bon s’investir ? » s’interroge ce jeune pharmacien, ou cet autre : « Sur 500 pharmaciens de Gironde, seulement une quarantaine de titulaires sont venus ce soir parler qualité, tous les autres ne misent que sur le prix ! »
Les pharmaciens engagés dans les nouvelles missions se sentent bien seuls, comme une avant-garde épuisée, parfois abandonnée. « Je comprends cette désespérance, c’est aux syndicats de porter cette parole ! souligne Pierre Bèguerie qui, pointant aussi la Sécurité sociale, l’invite à simplifier ses procédures : les entretiens pharmaceutiques sont des usines à gaz, payés deux ans après ! Pourquoi ne pas transmettre directement notre honoraire, comme les médecins ? »
En effet, sans un minimum de bon sens et de contreparties, les nouvelles missions de l’officine demeureront un boulet plutôt que la bouée de sauvetage attendue par une profession en quête d’avenir.
* Nouvelle-Aquitaine : 6 millions d’habitants, 2 200 officines, 15 milliards € de dépenses santé (régime général) dont 6,1 milliards en soins de ville (1,7 milliard en médicaments).
** 45 % des pharmaciens de Limoges ont mené des entretiens hebdomadaires (rémunérés 15 euros par l’assurance maladie). Sur 331 patients : 31 % ont arrêté de fumer après le 1er entretien, 50 % après le 2e, 58 % au 3e et 86 % ont modifié comportement.
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