• Philippe Gaertner : « l'officine doit être au cœur de la prévention »
Une pointe de soulagement perce dans la première réaction de Philippe Gaertner. « À ce stade, on peut se féliciter que la démocratie ait gardé ses droits dans notre pays », lance le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Reste à voir ce que le nouveau président de la République va mettre en place avec l’aide de son gouvernement. « J’espère que le futur ministre de la Santé travaillera, dans l’intérêt des patients, en coordination avec les professionnels de santé. » Philippe Gaertner est prêt à aborder tous les dossiers en suspens. En priorité celui de la négociation conventionnelle, « interrompu du fait de l’élection présidentielle ».
La FSPF attend que l’officine, « eu égard à son accessibilité et sa présence sur le territoire », soit au cœur de la prévention en santé mise en avant dans le programme d’Emmanuel Macron. Concernant la dispensation à l’unité, le syndicat y est favorable dès lors qu’elle se développe dans l’intérêt des patients et en bonne entente avec les pharmaciens. Quant à la vente de médicaments hors officine, Philippe Gaertner se félicite que, « dans des discussions récentes, les trois piliers de la pharmacie ont été confortés ». Mais n’exclut pas le danger d’une remise en cause par l’Europe.
• Gilles Bonnefond : « la profession est prête à se réformer »
« La convention doit être la priorité du prochain gouvernement pour mettre la profession en ordre de marche », estime également Gilles Bonnefond, qui attend un arbitrage politique pour poursuivre les négociations avec l’assurance-maladie. Lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron en septembre dernier, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) explique lui avoir clairement exposé que la profession était prête à se réformer pour se rapprocher davantage du patient et s’éloigner de la distribution. Gilles Bonnefond rappelle son opposition à la dispensation des médicaments à l’unité. Cette mesure « ne permet pas de régler les problèmes liés à l’observance », affirme-t-il. En revanche, il se dit favorable à la préparation de doses à administrer (PDA) pour les patients à domicile qui ont parfois des difficultés à s’y retrouver dans leurs traitements. Au-delà, le président de l’USPO demande à Emmanuel Macron de ne pas revenir sur le monopole pharmaceutique, le capital et le maillage des officines. « Il faut construire l’évolution du métier à partir de ces règles qui sont solides, faites pour protéger les patients et non les pharmaciens », rappelle-t-il. Il ajoute : « Ces règles ne nous empêchent en aucun cas d’évoluer. »
• Albin Dumas : « la meilleure chose qui pouvait nous arriver »
Au lendemain du scrutin national, inutile de demander à Albin Dumas sur qui s’est porté son choix : « au stade où nous en étions, l’élection d’Emmanuel Macron était la meilleure chose qui pouvait nous arriver », déclare-t-il. Même si, modère-t-il, son équipe de campagne « était très hospitalo-centrée autour de personnalités comme Claude Evin et Olivier Véran ». Le président de l’Association de la pharmacie rurale (APR) craint en effet que « l’autorité logique détenue par l’hôpital, rejaillisse dans les questions organisationnelles de notre profession ». Le nouveau président de la République saura-t-il préserver le réseau officinal ? « Le diable sera dans les détails, répond Albin Dumas, mais Emmanuel Macron ne s’attaquera pas au réseau, il l’a déclaré. » Pour autant, le représentant de la pharmacie rurale veut rester les pieds sur terre : « c’est surtout après les législatives que l’on saura ce qu’il sera capable de mettre en place, avec la majorité dont il disposera… » Quoi qu’il en soit, le président de l’APR espère que le prochain gouvernement se rappellera « que les pharmaciens sont souvent les plus utiles pour les plus fragiles ». Enfin, sur l’avenir de la délivrance à l’unité, Albin Dumas présage que le projet finira par « se perdre dans les sables ».
• Christian Grenier : « le code de déontologie doit être validé »
Pour Christian Grenier, président de la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies (Federgy), les revendications pour la pharmacie restent les mêmes malgré le changement présidentiel. « Ces deux dernières années, nous avons énormément travaillé avec le gouvernement en place. Je demande au nouveau président de ne pas jeter aux oubliettes ce travail presque abouti. Nous souhaitons que la convention, aujourd'hui bloquée sur le plan économique, soit signée en accordant les moyens nécessaires pour permettre à la profession d'engager sa mutation… Pour avoir une pharmacie moderne, comme le souhaite Emmanuel Macron. Je demande aussi que le code de déontologie soit enfin validé », déclare le président de Federgy. Ce nouveau code de déontologie autorisera la communication aux groupements, uniquement pour les campagnes de santé publique. Ce qui est, pour Christian Grenier, une première reconnaissance des groupements de pharmacies.
Enfin, « restons vigilants en ce qui concerne le monopole pharmaceutique, auquel il n’est pas question de toucher, prévient Christian Grenier. Emmanuel Macron a annoncé une concertation sur le sujet. Nous ne manquerons pas de rappeler que le monopole pharmaceutique fait partie des trois piliers intouchables de la profession, avec la loi de répartition démo-géographique et la réserve du capital aux seuls pharmaciens d’officine ».
• Laurent Filoche : « attention à la dérégulation ! »
Un président de la République jeune, dynamique, à l’image du progressisme prôné par l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). Laurent Filoche se dit heureux qu’un tel homme soit aujourd’hui aux responsabilités. L’UDGPO, qui a pour principal objectif de faire évoluer la profession, n’en restera pas moins vigilante sur la politique menée par le nouveau président. « Très attachés à la défense du monopole, nous serons très attentifs dans la mesure où il est avéré qu’Emmanuel Macron détient des appuis du côté de la GMS », déclare le président de l’UDGPO.
Autre dossier sur lequel les groupements resteront en éveil, le commerce électronique. L’UDGPO, qui a entrepris plusieurs actions judiciaires, espère que les décisions des tribunaux tomberont rapidement, pour faire barrage à d’éventuelles velléités d’assouplissement de la part du prochain gouvernement. Laurent Filoche estime toutefois que, « vraisemblablement, rien ne bougera avant le PLFSS 2018 ». Priorité sera donnée, selon lui, à la réforme du Code du travail, ce dont les pharmaciens en tant que chefs d’entreprise ne pourront que se réjouir, dans la mesure où ils disposeront de davantage de souplesse.
Autres mesures bienvenues pour l'officine, selon lui, la baisse de charges et la réduction de l’impôt sur les sociétés annoncées. Attention donc à ce qu’aucune dérégulation, entraînant une baisse des revenus, ne vienne annihiler les économies promises, souligne le président de l'UDGPO.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires