Lutter contre les déserts médicaux est un engagement largement partagé par les candidats à l’élection présidentielle. Tous l’assurent, ils préfèrent l’incitation aux mesures coercitives, et misent sur les maisons de santé pluridisciplinaires.
Quand François Fillon et Emmanuel Macron parlent de mettre l’accent sur le développement de la télémédecine, Marine Le Pen avance l’idée d’instaurer un stage d’internat dans une zone désertifiée afin de sensibiliser les jeunes à ce problème. De son côté, Benoît Hamon avance la piste du conventionnement sélectif. « Le conventionnement des médecins sera conditionné à l'installation dans une zone qui n'est pas déjà surdotée », explique le candidat socialiste, affirmant que « cette mesure n’entrave en rien la liberté d’installation du médecin, qui peut toujours choisir de s’y installer ».
Le rôle de l'État
L’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF), qui représente les personnels occupant des fonctions d’encadrement dirigeant et supérieur dans les collectivités locales de plus de 40 000 habitants, préconise, elle, des solutions plus musclées. « La politique d'incitation des médecins à s'installer dans les déserts médicaux est un échec », affirme le président de l’AATF, Fabien Tastet. « L’État, qui finance les études de médecine et décide des conventionnements, doit imposer l'installation de médecins dans les déserts médicaux », affirme-t-il. Selon un sondage réalisé par IPSOS pour l'AATF, 90 % des Français y seraient favorables.
Un autre sondage réalisé par Odoxa est plus nuancé. En effet, si huit Français sur dix pensent que l’État doit intervenir pour lutter contre les déserts médicaux, ils souhaitent que soient privilégiées les mesures incitatives. Ils se disent ainsi favorables à l'octroi de plus d’avantages aux médecins prêts à exercer dans des déserts médicaux (46 % des réponses). Ils écartent les mesures visant à limiter (33 %) ou à rendre obligatoire (21 %) l'installation de médecins dans les zones bien ou mal pourvues.
Du côté des médecins, plus d'un sur deux (52 %) déclare qu'il n'irait pas jusqu'à s'installer en zones rurales ou en banlieues, même si l’État proposait des mesures « suffisamment incitatives », d’après un autre sondage d’Odoxa. Seulement 39 % des praticiens interrogés seraient prêts à ouvrir un cabinet en zone rurale et 22 % dans une cité populaire de banlieue. Toutefois, 83 % reconnaissent que les règles encadrant leur répartition territoriale ne prennent pas suffisamment en compte les besoins de la population. Et 44 % seraient d’accord pour que les pouvoirs publics interviennent directement d’une manière ou d’une autre pour réguler leur répartition. Mais pas n’importe comment. Ils rejettent ainsi le principe du déconventionnement pur et simple en zone surmédicalisée (74 % y sont hostiles), la non prise en charge par l’assurance-maladie d’une partie des cotisations sociales (60 %) ou l’affectation autoritaire pendant les 10 premières années d’exercice (89 %). En revanche, l’existence d’une maison de santé pluridisciplinaire, ou la mise à disposition par une municipalité d’un local professionnel sont appréciées par 78 % des médecins pour l’installation en zone sous-médicalisée.
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