Antihypertenseurs, antibiotiques, statines… Un projet d’arrêté de la loi Rist, dont a eu connaissance un syndicat de médecins, a établi une liste des médicaments que les infirmiers en pratique avancée (IPA) seraient bientôt autorisés à prescrire.
Encore un aspect de l’accès direct prôné par la loi Rist, votée le 19 mai, qui fâche les médecins. Ce texte prévoit, entre autres, que les infirmiers en pratique avancée (IPA) puissent effectuer la primoprescription de certains médicaments. Un élargissement des compétences qui provoque la colère des médecins.
S’appuyant sur ce projet d’arrêté « transmis conjointement par une source confraternelle et une source ordinale », l’Union française pour une médecine libre (UFML) dénonce ce « droit de prescription futur des infirmiers », n’hésitant pas à annoncer le « pillage de la médecine ». Selon ce projet, certains traitements chroniques pourraient être prescrits « sans diagnostic médical préalable » par les IPA.
En fonction des options retenues, les IPA disposeront d’une courte liste de médicaments et produits, notamment pour prescrire, après une automesure tensionnelle et un bilan biologique, des antihypertenseurs de première ligne (IEC ou ARA2, inhibiteur calcique, diurétique thiazidique en monothérapie et de préférence en monoprise), des hypolipémiants de première ligne (statines), des hypoglycémiants tels que la metformine, les sulfamides hypoglycémiants, mais aussi des inhibiteurs de la DDP4 (gliptine), analogues du GLP1 (incrétinomimétique) ou inhibiteurs du SGLT2 (gliflozine). Selon le texte, les IPA pourraient aussi être autorisés à prescrire des dispositifs d'autosurveillance de la glycémie capillaire (lecteur de glycémie, bandelettes d'autocontrôle de la glycémie, autopiqueur, lancettes).
Toujours selon le document de travail, les IPA pourront également intervenir dans un éventail de pathologies plus large « après un diagnostic médical préalable » et prescrire des traitements antihypertenseurs (inhibiteurs calciques, ARA2/IEC et diurétiques thiazidiques), des hypoglycémiants (glinides, acarbose, gliptines, insulines d’action rapide, analogues de la GLP1 et des inhibiteurs du SGLT2) et de manière générale tous les antidiabétiques oraux et injectables, y compris les insulines d’action intermédiaire et lente. De même, les bronchodilatateurs, l’oxygénothérapie et les traitements de l’insuffisance cardiaque (IEC, ARA 2, diurétiques épargneurs de potassium, diurétiques de l’anse, bêtabloquants, inhibiteurs SGLT-2, inhibiteurs du récepteur de l’angiotensine-néprilysine, antagonistes des récepteurs de l’aldostérone) ainsi que les dispositifs médicaux et matériels de MAD (matelas à air fluidisé, fauteuils roulants de tous types, chaise de douche, matériel de manutention) seront à la main des IPA.
D’autres situations (prévention des neutropénies, prévention des réactions allergiques, ou encore gestion de la douleur avec des antalgiques de palier 2, voire selon une autre option avec des antalgiques de palier 3 opioïdes forts) sont également évoquées dans le document. De même, les IPA pouvant assurer le suivi « psychiatrie et santé mentale » pourraient être autorisés à prendre en charge « sans diagnostic médical préalable », le syndrome anxiodépressif peu sévère à modéré. Après diagnostic médical préalable, des anxiolytiques tels que diazépam, lorazépam, oxazépam, clorazépate pourraient être prescrits ainsi que des spécialités dans la prise en charge des addictions.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires