Après l'annonce en mai dernier d'une série de mesures immédiates pour gérer la crise dans les établissements pour personnes âgées, c'est une méthode de long terme qu'ambitionne la ministre de la Santé, à l'image de la stratégie de transformation du système de santé, dont les résultats ont été dévoilés il y a quelques semaines.
La prise en charge de la perte d'autonomie est un défi majeur tant les chiffres sont alarmants. D'ici à 2050, le nombre de personnes de plus de 85 ans devrait plus que tripler pour approcher les 5 millions. En 2060, on estime à 2,45 millions le nombre de citoyens en perte d'autonomie (contre 1,6 million en 2030). Aujourd'hui, la France compte déjà 1,2 million de bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) et 30 milliards d'euros par an sont consacrés à la prise en charge des personnes âgées en perte d'autonomie (dont 79 % de dépenses publiques).
« Aujourd'hui, le système a épuisé ses ressources et son élan (...) ce n'est pas digne d'un pays comme la France », a résumé la ministre qui veut pouvoir « assurer de manière durable la perte d'autonomie ». C'est dans cet objectif que le Premier ministre a missionné Dominique Libault, conseiller d'État et président du comité national du parcours des personnes âgées en risque de perte d'autonomie (PAERPA), pour piloter cette réflexion sur le « grand âge et l'autonomie ». Ses travaux visent à rendre en janvier 2019 une série de propositions au gouvernement afin de bâtir une « réforme ambitieuse ».
Concertation citoyenne
Au total, pas moins de dix ateliers sont lancés sur les thèmes suivants : gouvernance et pilotage ; panier de biens et services et reste à charge ; nouveaux financements ; parcours des personnes âgées ; prévention de la perte d'autonomie et bien vieillir ; métiers ; aidants, familles et bénévolat ; offre de demain pour les personnes âgées en perte d'autonomie ; cadre de vie ; et enfin l'hôpital et la personne âgée.
Chaque atelier sera composé de représentants de l'État, d'experts ainsi que de représentants des associations et des fédérations d'usagers et de professionnels. Des forums régionaux sont prévus pour prendre le pouls des territoires et des entretiens individuels sont au programme avec plus de soixante personnes âgées.
Parmi tous ces chantiers, c'est sans nul doute le financement qui demandera le plus de travail et de pédagogie. La Mutualité française a publié une étude évaluant à 2 000 euros par mois le reste à charge moyen pour les résidents d'EHPAD en perte d'autonomie sévère. Interrogée sur la possible création d'un « cinquième risque » de la Sécurité sociale pour financer la dépendance, Agnès Buzyn a botté en touche. « Nous verrons, je n'ai pas envie de rentrer tout de suite dans les tuyaux financiers, ce n'est pas le sujet pour le moment. »
En parallèle est lancée une concertation citoyenne sur Internet à destination de tous les Français, y compris les plus jeunes. En 140 signes, chacun peut faire ses propositions et voter pour celles des autres. Une grande campagne de communication va être lancée notamment sur les réseaux sociaux pour attirer des contributeurs. Interrogé par l'AFP, Axel Dauchez, président de Make.org, la plateforme qui héberge cette concertation, espère « 500 000 contributeurs sur ce site ».
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires