La distribution des masques du stock de l’État dans les officines a bien débuté. Toutefois, les quantités ne sont pas au rendez-vous, et le rationnement (18 masques par médecin, infirmière ou diplôme de pharmacien, etc.) a le don d’irriter les professionnels de santé.
« Il est temps de dire la vérité aux Français : nous n’avons pas assez de masques ! », s’irrite Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) sur twitter. « Toutes les pharmacies ne les ont pas encore reçus et n’en recevront que quelques-uns pour certains soignants. La seule mesure barrière à privilégier sera donc l’éloignement de plus d’un mètre », poursuit-il.
« Le compte n’y est pas et c’est bien un rationnement qui est instauré, dont l'exécution est transférée aux pharmaciens d’officine », confirme le Centre national des professionnels de santé (CNPS) qui ajoute que « cette situation ne permet pas d’assurer la sécurité des soignants », ni à l’hôpital… et encore moins en ville. Face à la pénurie de matériel de protection, le CNPS demande « aux professionnels de santé libéraux de comprendre que les pharmaciens d’officine sont tenus de respecter strictement les consignes de l’État et de l’assurance-maladie concernant les modalités de distribution des masques ».
Sur le terrain, la grogne se fait également sentir. Sur le site du « Quotidien du Pharmacien », Fed F (pharmacien) témoigne avoir « reçu un stock de 500 masques pour 2 semaines, soit pour 14 professionnels de santé ! » Une situation qualifiée d’ubuesque par Alain (pharmacien) : « En pleine tempête, on nous demande de gérer la pénurie en effectuant une petite comptabilité chronophage et inutile de toute façon, il n’y en aura pas pour tout le monde ! La bureaucratie dans toute sa splendeur. » Quant à Gilles, (pharmacien), il a bien reçu les masques mais il a déjà une liste d'attente de dizaines de professionnels de santé.
Alors où va-t-on ? Les représentants des professionnels de santé demandent plus de transparence au gouvernement sur les quantités de masques attribuées. Le gouvernement a reconnu des « difficultés logistiques dans la fourniture de masques », alloués en priorité aux soignants. « Nous avons mis sous tension notre appareil de production qui n'a pas des capacités extensives, c'est pour cela que nous avons une gestion parcimonieuse de ces masques avec priorité absolue aux soignants », a expliqué Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement.
La France a déjà déstocké 25 millions de masques sur ses stocks stratégiques. En supplément, depuis lundi, « plus de 12 millions de masques dont 1,6 million de masques FFP2 et 10,7 millions de masques chirurgicaux ont été délivrés aux officines », a annoncé Jérôme Salomon, directeur général de la Santé. Hier, le ministère de la Défense a déstocké 5 millions de masques et la Chine a fait don à la France d'1 million de masques. Enfin, la DGS a invité ceux qui disposent d'un stock de masques et qui ne les utilisent pas à les donner aux établissements de santé, aux hôpitaux ou tout simplement à la pharmacie la plus proche.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires