La qualité des tests sérologiques, mais surtout leur pertinence, interrogent les pharmaciens biologistes à l’approche du déconfinement. Ces tests peuvent-ils être considérés comme des outils stratégiques ? Assurément non, a déclaré Philippe Piet, président du conseil central G (biologistes), lors d’une Webconférence organisée le 23 avril par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP). En tout cas pas en l’état actuel de cette technologie toujours en cours de validation et dont la fiabilité n’est pas encore confirmée. D’autant que subsiste une inconnue de taille, souligne le pharmacien biologiste : rien ne prouve aujourd’hui que les anticorps assurent une protection définitive. Tant que cette question ne sera pas résolue, la pertinence même de ces tests ne pourra être affirmée. Leur utilisation pourrait même être contre-productive dans une stratégie de santé publique. Car, poursuit Philippe Piet, « admettons qu’un test soit positif, si tant est qu’il ne s’agisse pas d’un faux positif, la personne va se considérer libérée de toute précaution et des gestes barrières ».
On comprend alors d’autant plus la colère qui a saisi les syndicats de biologistes hospitaliers. Dans un courrier adressé le 30 avril à Olivier Véran, ministre de la Santé, les présidents de ces syndicats dénoncent le mercantilisme de certains laboratoires de biologie de ville. Ceux-ci n’hésitent pas « à proposer larga manu des tests de sérologie Covid-19 » au plus grand mépris des recommandations scientifiques, de celles de la commission nationale de la Biologie médicale et d’autres instances représentatives. Pire, soulignent les signataires de ce courrier, « ces examens biologiques, qui ne sont en réalité que des TROD, sont également pratiqués dans les EHPAD au détriment de tests virologiques par RT-PCR ». Des méthodes qui en disent long, selon eux, sur les objectifs de cette démarche et sur « la marchandisation de la biologie médicale », estiment ces syndicats hospitaliers qui appellent le ministre de la Santé à une communication grand public sur ces tests « à l’heure du déconfinement » et à l’édiction de règles d’utilisation de ces outils de dépistage. Quitte à sanctionner les laboratoires qui ne les respecteront pas, réclament-ils.
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