À Paris, dans le XVe arrondissement, un barnum proposait aux patients des tests antigéniques. Un barnum en apparence semblable à d'autres, sauf que la personne qui effectuait les prélèvements était en fait un étudiant en… architecture.
C'est un médecin installé près de la porte de Versailles qui a donné l'alerte le 12 septembre, selon « France Inter ». Le praticien, qui réalise des tests antigéniques dans son cabinet, constate qu'un barnum s'est installé à proximité de son lieu d'exercice. Intrigué, il décide d'aller voir l'installation de plus près et se rend compte que les patients sont invités à contacter… son propre cabinet en cas de problème. L'entreprise qui a monté le barnum s'est donc autorisée à mentionner les coordonnées du médecin sans solliciter son accord. Ulcéré, il contacte immédiatement la police. Les forces de l'ordre vont alors procéder à un contrôle qui ne va pas s'avérer inutile.
Sur place, les policiers interrogent d'abord un patient qui leur indique ne pas avoir été très convaincu par le savoir-faire du professionnel qui vient de le tester. Les agents vont assez rapidement comprendre pourquoi. Sous le barnum, ils découvrent un jeune homme qui suit des études… d'architecture et n'a donc aucunement le droit de faire des prélèvements sur des patients. Interrogé lors de sa garde à vue, il précise aux policiers qu'il travaille pour le compte d'une société mandatée par une officine du quartier. Le jeune homme affirme qu'il n'était pas au courant que ce type de travail lui était interdit. Il explique avoir été formé en quelques minutes par « une femme », dont la profession n'est pas précisée par l'article de « France Inter ». Il serait resté deux jours sur place, travaillant seul, et aurait effectué une cinquantaine de prélèvements sans doute loin d'être fiables. Contactée par les policiers à l'origine du contrôle, la pharmacie mandataire indique qu'elle pensait travailler avec une société sérieuse. Une enquête préliminaire a été ouverte pour « exercice illégal de la profession de technicien de laboratoire médical ».
Depuis plusieurs semaines, les autorités sanitaires et la police contrôlent régulièrement des barnums à Paris et dans d’autres grandes villes. Président du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens d'Île-de-France, Bruno Maleine est sollicité « tous les jours » par des officinaux qui l'alertent sur les pratiques de certains barnums. « Il y en a environ 900 installés à Paris aujourd'hui, certains ouverts par des pharmaciens, des médecins ou des centres de santé, mais pour d'autres on ne sait pas trop qui est derrière. Des barnums apparaissent puis disparaissent aussi vite… c'est devenu du grand n'importe quoi », fustige Bruno Maleine, qui regrette qu'un amalgame soit fait entre les barnums qui réalisent des tests dans de bonnes conditions et ceux qui travaillent au mépris de toute règle, notamment en matière d'hygiène. « Des contrôles sont délégués par l'ARS, le ministère a demandé des enquêtes… c'est une bonne chose de faire le ménage », reconnaît Bruno Maleine. Il estime néanmoins que l'heure est venue de s'interroger sur l'avenir de ces barnums. « La demande va baisser à partir du 15 octobre avec la fin du remboursement de tous les tests. Faut-il maintenir des barnums au-delà de cette date ? Personnellement je pense que non. J'aimerais bien que les autorités sanitaires nous donnent leur position et qu'elles fassent preuve de transparence sur ce sujet car pour l'instant nous n'avons aucune information », déplore-t-il.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires