L’ARRÊTÉ d’approbation de la nouvelle rémunération est paru, mais le calme n’est pas revenu. Non-signataire de l’avenant à la convention introduisant les honoraires, l’USPO appelle ainsi tous les pharmaciens à dénoncer ce texte dès aujourd’hui, afin de « pouvoir ouvrir immédiatement des négociations sans attendre trois ans ». « Tout doit être mis en œuvre pour négocier de véritables honoraires à l’ordonnance déconnectés des prix et des volumes dans le cadre d’un contrat pluriannuel avec l’État », estime son président Gilles Bonnefond.
Toujours opposée à la mise en place d’un honoraire à la boîte, l’UNPF demande, elle aussi, la réouverture de discussions sur la rémunération. D’autant que, pour le syndicat, les récents bugs dont ont pâti les pharmaciens - retard de paiement de la ROSP, des entretiens AVK, rejets liés au problème de mise à jour du fichier prix du CEPS - ne laissent présager rien de bon. « Comment pourrons-nous être prêts au 1er janvier 2015 ? s’inquiète l’UNPF. Les éditeurs ont moins d’un mois pour configurer les logiciels pharmaciens… Est-il raisonnable de prendre le risque de modifier la rémunération des pharmaciens sans avoir connaissance de l’ensemble des tenants et aboutissants ? Faut-il s’obstiner à vouloir introduire un honoraire à la boîte dans la précipitation alors que l’avenir de la profession est en jeu ? »
Une compensation.
Plus surprenant, la FSPF se dit également prête à s’asseoir à nouveau autour de la table avec l’assurance-maladie. Pas pour les mêmes raisons que l’USPO et l’UNPF. Car la FSPF croit dans les honoraires, non seulement pour enrayer la dégradation économique du réseau, mais aussi pour accompagner la mutation du métier de pharmacien. « Ce qu’il est important d’avoir à l’esprit, c’est l’article 25 de la convention », insiste Philippe Besset, vice-président de la FSPF. En effet, cet article justifie la création d’un honoraire de dispensation pour rémunérer les prestations des pharmaciens en matière notamment de vérification de la validité d’une ordonnance, de l’adéquation des posologies prescrites, du contrôle des contre-indications et interactions, de conseils aux patients, ou encore du choix du conditionnement le plus économe.
En fait, la FSPF ne s’inquiète pas des honoraires à venir, mais des conséquences sur l’économie des officines des nouvelles mesures prévues dans le budget de la Sécurité sociale pour 2015, qui viendront amputer de 300 millions d’euros supplémentaires la marge officinale. Un nouveau coup de massue que même la réforme de la rémunération à venir aura du mal à amortir. Dans ce contexte, la FSPF, qui a interpellé sur ce sujet le nouveau directeur général de l’UNCAM**, Nicolas Revel, et la ministre de la Santé, « revendique une compensation, dans le champ conventionnel de l’honoraire, des effets dévastateurs de ces baisses de prix ». Quel type de compensation ? « Il peut s’agir soit d’une augmentation des forfaits existants, soit de la création de forfaits nouveaux, à l’ordonnance par exemple, répond Philippe Besset. Ce n’est pas sur la forme de l’honoraire, c’est sur le montant que l’on veut renégocier. »
Péril économique.
De son côté, Nicolas Revel conditionne sa réponse aux conclusions de l’observatoire du suivi des honoraires qui pourrait être mis en place prochainement. Mais son premier bilan ne devrait pas être dressé avant avril 2015. « Nous regarderons de près l’évolution de la marge, des baisses de prix, afin de voir si cela est conforme au cadrage économique fixé, explique Philippe Besset. Mais nous savons d’ores et déjà que cela ne sera pas le cas, car les baisses de prix sont trop importantes. » « Nous avons mis en garde contre l’impact sur l’officine des économies prévues par le gouvernement entre 2015 et 2017, souligne pour sa part Gilles Bonnefond. Or l’avenant signé par un seul syndicat engage la totalité de la profession sur cette même période. Les pharmaciens se retrouvent piégés durant trois ans dans une rémunération qui va mettre en péril l’économie officinale. »
**Union nationale des caisses d’assurance-maladie.
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