Pour le monde de la santé, c’est un scandale. Un « joli coup de pub » et une trahison pour la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Une « surenchère de l’indécence » qui provoque « consternation » et « dégoût » chez les Ordres de professionnels de santé. Aux yeux de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO), la grande distribution « utilise ces masques comme un produit d’appel afin d’augmenter la fréquentation de ses centres commerciaux en pleine période de confinement ». Les soignants ont multiplié les déclarations depuis jeudi dernier, dans les médias et sur les réseaux sociaux, pour dire leur effarement. Une pétition, une demande de commission d’enquête parlementaire par une sénatrice, une menace de plainte si la grande distribution ne justifie pas des dates de commandes des masques… Les réactions face à cette soudaine abondance de masques en GMS ont pris toutes les formes.
Un malentendu, pour le gouvernement
Samedi dernier, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a voulu « éteindre la polémique » en distinguant le nombre de masques commandés (environ 500 millions) et réellement disponibles (5 à 10 millions). Rappelant que la consommation hebdomadaire des soignants était de 45 millions de masques, il a assuré qu’il utiliserait le procédé de la réquisition en cas de manque. Lundi, le Premier ministre Édouard Philippe a réfuté, tout comme le ministre de l’Économie Bruno Le Marie, tout « stock caché » mais n’a pas calmé le jeu en parlant d’un « malentendu » qui a « échauffé quelques esprits peut-être en mal de polémique ». La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a dénoncé pour sa part la communication « fausse et outrancière » des Ordres de professionnels de santé, tandis que des patrons de grandes enseignes défendaient leur positionnement. Michel-Edouard Leclerc, pour ne citer que lui, considère qu’il s’agit d’une polémique « nulle, puérile, stérile » et que ces annonces de masques en abondance avaient pour but de « rassurer sur le risque de pénurie » et « éviter un rush comme sur les pâtes en début de confinement ». Un objectif manqué à voir dès lundi matin les longues files d’attente sur les parkings des centres commerciaux un peu partout en France.
Pour les pharmaciens, la mobilisation continue. La FSPF appelle le gouvernement à fournir « 150 millions de masques médicaux par semaine » pour couvrir les besoins des soignants et des malades, et à garantir leur prise en charge par l’assurance-maladie pour les personnes fragiles. Certaines enseignes ayant proposé de rétrocéder des masques aux officines, l’USPO y oppose une fin de non-recevoir et leur demande de privilégier l’approvisionnement gratuit, dans un premier temps, des « personnels soignants en ville, à l’hôpital et dans les EHPAD ». Répartiteurs et groupements ont renouvelé leur confiance dans les pharmacies pour délivrer les masques « avec discernement et en priorité aux personnes fragiles et à risques ». Une confiance partagée par le grand public. Selon un sondage IFOP pour Pharmabest rendu public lundi, 82 % des Français font confiance à leur pharmacien pour leur vendre des masques, contre 9 % à la GMS.
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