20 000 euros. C’est le montant de la mise à prix de la pharmacie Saint Jacques à Saint-Caradec, dans les Cotes d’Armor, aux enchères le 16 octobre. « En dépit de ce prix modique, du potentiel de développement, de sa situation, des locaux et de la possibilité de logement avec jardin, elle n’a pourtant pas trouvé d’acquéreur », déplore, à Saint-Brieuc, le mandataire judiciaire surpris que l’offre n’ait pas retenu l’attention de jeunes diplômés.
Placée en liquidation judiciaire le 15 décembre 2016, l’officine n’avait pas reçu davantage d’offres d’acquisition depuis cette date. Son déclin avait commencé il y a plus de quatre ans. Alors qu’une procédure de sauvegarde avait été ouverte en 2013, Colette Michas, la titulaire, n’avait pas manqué, en septembre 2015, d’interroger le conseil municipal sur l’avenir de sa pharmacie. Deux mois plus tard, le redressement judiciaire était prononcé.
Dans cette commune de 1 127 habitants, un comité de soutien s’était formé autour d’élus de l’opposition pour soutenir la pharmacienne. Sans suite cependant puisqu’en juin 2016 la commune et sa pharmacie perdaient leur prescripteur. Et ce n’est qu’au début de cette année qu’un nouveau médecin s’est installé à Saint-Caradec.
Une indemnisation refusée
Mais le premier coup véritable porté à la pharmacie de Saint-Caradec avait été le transfert d'une officine dans la zone commerciale du nouveau Super U, cette galerie marchande de huit commerces détenant un fort pouvoir d’attraction sur les deux communes limitrophes.
La titulaire avait dans un premier temps dénoncé l’autorisation du transfert par l’agence régionale de santé (ARS) qui, estimait-elle, portait préjudice à son activité, puis avait réclamé une indemnisation à l’agence auprès du tribunal administratif de Rennes. Selon Colette Michas, « l’ARS avait commis une erreur d’appréciation de la réponse optimale en besoins en médicaments de la population locale et avait porté atteinte au libre jeu de la concurrence ».
Déboutée en première instance, la titulaire avait fait appel auprès de la Cour d’appel de Nantes qui vient de confirmer la première décision. La titulaire qui avait acheté son officine en 2005, ne pourra donc prétendre à aucune indemnisation.
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