Ménopause et ostéoporose

Le grand retour des fractures

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Publié le 24/10/2016
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À l’occasion de la Journée mondiale de l'ostéoporose, le GRIO lance un cri d’alarme : entre 2011 et 2013 le nombre de patients hospitalisés pour fracture de fragilité a augmenté de 10 %. Difficile de ne pas y voir la conséquence du recul de la prise en charge, qui s’aggrave avec le temps. Le GRIO propose des pistes pour réagir face à cette situation.

De 2010 à 2014, la prescription d’anti-ostéoporotiques a reculé de 10 % avec seulement 800 000 femmes traitées en 2014 alors que la Haute Autorité de santé (HAS) évalue à 3 millions le nombre de femmes ostéoporotiques. Pendant cette même période, le nombre de prescriptions de densitométrie osseuse a diminué d’environ 6 % par an. De plus, ce recul s’aggrave au fil du temps.

Ces chiffres inquiètent le Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (GRIO) ce d'autant que les hopsitalisations pour fracture de fragilité ont augment de 10 % entre 2011 et 2013 (165 250 en 2013). Que faire, pour inverser cette tendance ? Tout d’abord, estime le Dr Florence Trémollières (Toulouse), il faut en revenir aux fondamentaux et sensibiliser les femmes dès le début de leur ménopause. Cela en évaluant la DMO par tomodensitomètre, et pas seulement chez les femmes ayant des facteurs de risques cliniques ce qui permet de ne pas laisser de côté de nombreux cas pouvant bénéficier d’une prise en charge. Pour le Dr Trémollières, cette dernière devrait donner une plus grande place au THM car « c’est bien la carence oestrogénique qui va être responsable de l’aggravation de la maladie ». De plus, « l’efficacité du THM pour s’opposer à la perte osseuse post-ménopausique tout comme pour maintenir les propriétés micro-architecturales du tissu osseux a été largement démontré ». Pourtant reconnaît le Dr Trémollières, les résultats de l’étude WHI – pourtant en grande partie révisés – ont détourné beaucoup de praticiens et de femmes de cette option thérapeutique.

Identifier les femmes à risque de fracture

Il est, selon elle, impératif d’identifier les femmes dont le risque fracturaire justifie pleinement un traitement médicamenteux : antécédents fracturaires, risque de chute (Parkinson, AVC, PR…) et tous les autres facteurs de risque évalués grâce à l’outil FRAX. L’évaluation de la densité osseuse (DO) est bien sûr très importante chez ces patientes : la mise en évidence d’une valeur basse de la DO est indispensable à une prise en charge optimale.

Programme personnalisé de soins

La clé du succès réside sur une prise en charge personnalisée reposant sur les « filières fractures » pluridisciplinaires, sur l’éducation thérapeutique et sur un suivi régulier et à long terme. L’objectif est de faire adopter un équilibre nutritionnel, d’assurer des apports suffisants en calcium et en vitamine D, d’inculquer une bonne hygiène de vie… et, enfin, de motiver les patients pour prendre des médicaments quand cela est nécessaire. Mais, on l’a vu, ces objectifs sont difficiles à atteindre.

 

Dr Alain Marié

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3297