Pour la très grande majorité des Français, le système d’approvisionnement des médicaments en pharmacie est performant, selon un sondage IPSOS réalisé en ligne auprès de 1 000 personnes pour la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique* (CSRP).
Toutefois, cette bonne organisation persistera-t-elle à l’avenir ? Si on leur pose la question, les Français n’en sont pas si sûrs. Notamment, 89 % d’entre eux redoutent une désertification pharmaceutique dans les campagnes, qui rendrait l’accès au médicament plus difficile ; 43 % des Français déclarent craindre « beaucoup » que la présence des pharmacies dans certains territoires ruraux diminue et 46 % le craignent « un peu ».
Les Français appréhendent également que les contrefaçons se multiplient et qu’elles deviennent un risque de rupture de certains médicaments. En effet, parmi quatre « risques » proposés, « la vente de faux médicaments contrefaits » préoccupe 87 % des sondés. C'est un peu plus que « la vente de médicaments sur internet » (85 %), « le retrait incomplet de médicaments dont la vente a été suspendue » (83 %) ou « les ruptures de certains médicaments dans les pharmacies » (79 %).
Préserver le système
Par ailleurs, la CSRP a saisi l'occasion pour rappeler la situation économique difficile de la profession. « Depuis 3 ans, l’équilibre économique de la répartition pharmaceutique n’est plus assuré. La rémunération moyenne par boîte de médicament ne couvre plus les coûts des répartiteurs pharmaceutiques », indique le syndicat, en invoquant des mesures des pouvoirs publics qui lui ont été défavorables et la stagnation du marché. « Le secteur en 2016 réussissait à peine à équilibrer ces comptes, c'est-à-dire que certaines entreprises perdaient de l'argent, explique Emmanuel Déchin, délégué général de la CSRP. Si nous ne pouvons plus faire notre métier, remplir notre mission de service public, les conséquences seront immédiates. Et la lutte contre la contrefaçon est l'une des missions que nous revendiquons. »
Face à cette situation, l’enquête a alors proposé aux sondés trois solutions pour financer l’acheminement des médicaments dans les officines, en leur demandant laquelle ils préfèrent. Au final, 62 % optent pour : « l'État doit financer l’équilibre de la répartition puisqu'il fixe les obligations de service public aux répartiteurs », 24 % estiment que la répartition pharmaceutique doit « faire des économies, quitte à allonger un peu les délais de livraison ». Et pour 14 %, « les patients doivent contribuer à l’accès aux médicaments » en payant un coût fixe à chaque médicament.
D’après les sondés, la profession reste plutôt efficace, puisque 79 % affirment que leurs médicaments « sont généralement disponibles immédiatement ». Et 94 % sont « tout à fait sûrs » ou « plutôt sûrs » de trouver dans leur pharmacie leur médicament. Toutefois, quelques indisponibilités sont perçues : 48 % des Français indiquent n'avoir pas eu accès immédiatement à leur médicament ces 12 derniers mois (hors vaccin ou lévothyroxine). Pour 37 % cela concernait une maladie temporaire (grippe, angine, etc.) et pour 35 % une maladie chronique (cancer, diabète, asthme, etc.). En revanche, l’attente n’est en général pas longue : la dernière fois qu’ils n’ont pas reçu leur médicament, 84 % des interrogés l’ont obtenu dans les 24 heures, dont 34 % dans la demi-journée. Enfin, plus d’un Français sur 5 (soit 21 %) estime que la disponibilité de leurs médicaments s’est dégradée par rapport à l’année dernière. Ce qui laisse 79 % d’entre eux qui n’ont pas vu de changement dans la qualité de l'approvisionnement.
*La CSRP réunit les 7 principaux répartiteurs pharmaceutiques de métropole (OCP Répartition, CERP Rouen, Alliance Healthcare, CERP Rhin-Rhône-Méditerranée, Phœnix Pharma, CERP Bretagne Atlantique et Sogiphar) et tous les répartiteurs présents dans les DOM.
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