Le 5 décembre 2016, une expérimentation de la vaccination antigrippe par les pharmaciens pour une durée de 3 ans a été autorisée, dans le cadre de l’adoption du PLFSS 2 017 (projet de loi de financement de la Sécurité sociale). En revanche, cette possibilité ne sera pas effective d'ici la prochaine campagne contre la grippe : les modalités de l’expérimentation restent à définir dans un décret d’application, notamment, à propos de la formation des pharmaciens, du rôle du médecin traitant et des conditions d'accueil des patients. Mais une fois ce décret publié, les pharmaciens pourront vacciner tous les patients adultes sans exception (et non pas seulement ceux porteurs d’un bon de vaccination comme l’avaient préconisé les sénateurs) et ils seront rémunérés pour ce geste. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a salué cette mesure, y voyant « une avancée importante pour l'augmentation de la couverture vaccinale et une simplification pour la vie des patients ».
Des réticences écartées
Cette volonté de vacciner, fortement soutenue par l’Ordre national des pharmaciens, a toutefois eu du mal à s’imposer. Rappelons que le droit de vacciner aux pharmaciens était déjà inscrit dans la loi de santé en 2014. Mais il a été supprimé en mars 2015, suite à une levée de boucliers chez les médecins qui avaient contraint le gouvernement à rétropédaler. Aujourd’hui, les syndicats de médecins se sont encore irrités du retour de la vaccination par les pharmaciens, mais ils n’ont pas obtenu le retrait de l’expérimentation. Dans une lettre, le syndicat des médecins généralistes MG France réclamait alors que les médecins aient en contrepartie, le droit de stocker les vaccins. Un « vœu » exaucé : en effet, les députés ont également adopté, pour 3 ans, la détention par le médecin généraliste du vaccin contre la grippe saisonnière pour les femmes enceintes, les personnes en ALD et les plus de 65 ans. Mais on s’interroge encore sur les motivations qui ont poussé le syndicat à formuler cette demande. En effet, 55 % des médecins ne sont pas conquis par l’idée de stocker des vaccins, selon une enquête réalisée en ligne par le « Quotidien du médecin ».
Défiance vaccinale
La vaccination par les pharmaciens ne sera, certes, qu’une expérimentation. Mais elle est fort bienvenue dans le contexte actuel de défiance à l’égard des vaccins. Selon l’Institut de veille sanitaire, seulement 48 % des personnes à risque se sont fait vacciner contre la grippe entre 2015 et 2016. C'est 14 points de moins qu'en 2009, alors que l'Organisation mondiale de la santé préconise un taux de vaccination de cette population de l'ordre de 75 %. Par ailleurs, selon le dernier « Observatoire sociétal du médicament » réalisé par l’IFOP pour le LEEM (Les entreprises du médicament), jamais la cote du vaccin n’a été aussi basse : 69 % des personnes interrogées font encore confiance aux vaccins. Un pourcentage certes convenable, mais qui affiche deux points de moins qu’en 2015.
Il y aurait donc urgence à inverser la tendance. Et la vaccination en officine est apparue comme une solution potentiellement efficace. Déjà, l’expérience internationale est assez séduisante : dans les pays qui ont adopté la vaccination en officine (États Unis, Canada, Australie, Portugal, Royaume Uni, Suisse, Irlande, etc.), la couverture vaccinale s’est sensiblement améliorée et diverses enquêtes montrent que les patients sont très satisfaits de ce dispositif aux avantages multiples : horaires étendus, accès sans rendez-vous, proximité, moindre temps d’attente, confidentialité assurée et explications fournies sur la vaccination. De plus, en France, la population s’est déclarée très favorable à la vaccination à l’officine : près de 6 patients sur 10 souhaitent que l’on autorise les pharmaciens à vacciner, selon une enquête Odoxa réalisée pour l’Ordre des pharmaciens (septembre 2016).
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