La députée centriste française Nathalie Colin-Oesterlé (Groupe PPE), vient de présenter à Bruxelles un ensemble de 120 propositions destinées à répondre aux pénuries de médicaments. Elles concernent aussi bien la politique industrielle, avec en premier lieu des incitations au rapatriement de la production dans l’UE, que la politique de santé, la recherche pharmaceutique et la distribution du médicament.
Elle propose, entre autres, la création de « pharmacies européennes d’urgence » où seraient stockés des médicaments essentiels touchés par des pénuries, mais aussi la constitution d’« établissements européens de production », sans but lucratif, où seraient fabriqués des médicaments stratégiques.
Une meilleure information « en amont » des officinaux
Comme il est d’usage dans les rapports d’initiative du Parlement européen, qui n’ont pas de force législative mais qui visent à impulser les mesures politiques et législatives du Conseil et de la Commission, ce document a été rédigé à l’issue d’une large consultation avec l’ensemble des acteurs concernés. On retrouve dans certains passages la « patte » des pharmaciens d’officine européens, dont les représentants officiels ont été eux aussi consultés. Le rapport demande en particulier une meilleure information en amont des officinaux lors de la survenue de ruptures de stock, ainsi que des moyens plus concrets pour y répondre. Il plaide notamment pour un élargissement des procédures de substitution, qui restent très variables d’un pays à l’autre, voire impossibles dans certains d’entre eux. Les pharmaciens devraient aussi être plus étroitement associés à l’ensemble des dispositifs de lutte contre les pénuries.
Le rapport s’élève contre les appels d’offres de médicaments « exclusivement basés sur des critères financiers », qui peuvent provoquer ou aggraver des pénuries lorsque les laboratoires retenus n’arrivent plus à suivre la demande. Ce sujet est particulièrement sensible en Allemagne, où le problème est récurrent : les pharmaciens d’Outre-Rhin, via leur association fédérale, l’ABDA, sont mobilisés depuis deux ans sur ce sujet au niveau national et européen. De plus, l’Allemagne - qui assure du 1er juillet au 31 décembre la présidence tournante de l’Union - avait annoncé dès l’an dernier qu’elle ferait des pénuries de médicaments l’une des priorités de son programme… perturbé et surtout ralenti par la crise du Covid-19. Elle a en effet entraîné de nombreux retards législatifs, y compris au niveau des projets élaborés par la Commission sur le même sujet. Dans tous les cas, de nouvelles propositions concrètes sont attendues pour la fin de l’année, un « sommet » entre les pharmaciens et les institutions européennes étant prévu en outre à Bruxelles à la même période.
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