Fermement décidé à faire des économies, y compris dans le domaine de la santé, le gouvernement a fait de la lutte contre la fraude sociale l’une de ses priorités. Une bataille qui porte déjà ses fruits. Ainsi, « 11 millions d’euros de fausses ordonnances ont été signalés par les pharmaciens et 5 millions d’euros de faux arrêts de travail ont été repérés sur Internet », en 2023, selon des chiffres communiqués par l’exécutif. Pas question de stopper cette dynamique. L'objectif suivant a été assigné à l’assurance-maladie : détecter pour 2,4 milliards d’euros de fraude entre 2024 et 2027.
Si elles nuisent considérablement aux finances de l’État, les fraudes pourrissent également la vie de nombreux professionnels de santé mais pour le Premier ministre, Gabriel Attal, médecins comme pharmaciens ne sont pas seulement des victimes. Selon lui, ils ont aussi une grande part de responsabilité dans ce problème. « Il faut accepter de briser un tabou, (la fraude est) dans sept cas sur dix à l’initiative d’un professionnel de santé, par la surfacturation ou la facturation d’actes fictifs », a dénoncé le locataire de Matignon la semaine dernière lors de la présentation du bilan de la lutte contre les fraudes.
Des paroles qui ont heurté, comme l’indique l’intersyndicale Les Libéraux de santé, qui regroupe les dix principales organisations syndicales de professionnels de santé libéraux et est aujourd’hui présidé par Philippe Besset, également à la tête de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) . « Il est impératif de distinguer les erreurs commises par certains professionnels de bonne foi, des cas de fraudes volontaires à grande échelle commises notamment dans des établissements dirigés par des non-professionnels de santé », soulignent les LDS, tout en clamant leur ferme volonté de lutter contre la fraude. Pour l’intersyndicale, le Premier ministre, en omettant de faire cette distinction, stigmatise les professionnels de santé et cède à une solution de facilité. « La fraude des professionnels de santé est en effet la plus “simple “ à détecter grâce aux algorithmes mis en place par la Sécurité sociale. En outre, la complexité des cotations et les retards parfois observés dans la mise à jour des logiciels métiers favorisent les cas de fraudes non intentionnelles par les professionnels de santé », rappellent au passage les LDS. Ces derniers appellent le gouvernement à se méfier des conséquences néfastes que pourrait entraîner une politique du chiffre qui ignorerait la réalité du terrain. Enfin, ils appellent à accélérer le déploiement de certains outils qui permettraient de lutter encore plus efficacement contre les véritables fraudes et citent en priorité le projet de fusion entre la carte d’identité et la carte Vitale.
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