C’est une annonce que l’on attendait depuis de longues semaines, depuis l’arrivée de Catherine Vautrin à la tête d’un super-ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. Jeudi 8 février, dans la soirée, Frédéric Valletoux a été officiellement nommé ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention. Pas une grande surprise, tant le député Horizons était régulièrement cité pour occuper cette fonction. Son nom était déjà évoqué en juillet dernier pour succéder à François Braun, avant que le choix ne se porte finalement sur Aurélien Rousseau, puis le mois dernier, avant la nomination de Catherine Vautrin.
Un statut de favori que l’on explique par le parcours de l’élu de 57 ans. Président de la Fédération hospitalière de France pendant 11 ans (2011-2022), Frédéric Valletoux s’était fait remarquer pendant la crise du Covid en alertant à plusieurs reprises sur la situation des hôpitaux, notamment aux Antilles. Avant cela, ce père de 5 enfants avait été élu maire de Fontainebleau (Seine-et-Marne) en 2005. Ancien membre du parti Les Républicains, il rejoint le micro-parti de centre droit Agir, avant de se rallier à Horizons, le parti d'Édouard Philippe, fin 2021. C’est sous cette étiquette que Frédéric Valletoux, journaliste au début de sa carrière notamment pour « Les Échos », est élu député en 2022. Un dossier va ensuite mettre son nom en lumière. Son projet de loi pour l’accès aux soins, qui visait notamment à mieux organiser la permanence des soins sur le territoire. Une ambition qui va lui attirer de féroces inimitiés chez les syndicats de médecins libéraux, qui s’étaient opposés avec force à différentes mesures préconisées par Frédéric Valletoux. En particulier, l’adhésion automatique aux CPTS, qui sera finalement retirée du texte final.
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset a salué, sur le réseau social X, l’arrivée de Frédéric Valletoux. « C’est un fin connaisseur des dossiers de santé, souligne-t-il, avant d’exprimer sa volonté de se mettre au plus vite au travail. Tous les dossiers sont urgents : les pénuries de médicaments, les négociations conventionnelles, la prévention, la vaccination… Le réseau officinal souffre. Nous allons lui donner rendez-vous le plus rapidement possible », promet-il. Le président de la FSPF se satisfait de savoir qu’il va pouvoir pleinement travailler avec Frédéric Valletoux, ce qui était impossible avec Agnès Firmin Le Bodo, dont le statut de pharmacienne titulaire l’empêchait de traiter les dossiers en lien avec la profession. Philippe Besset compte tout particulièrement aborder avec lui la question des officines en milieu rural, essentielles pour les patients, et qui sont souvent en grande difficulté. « Sa loi sur l’accès aux soins ne traite pas complètement le sujet des difficultés à exercer en milieu rural. Elle permet de trouver des solutions pour les zones où il n’y a pas d’accès aux médecins mais n’apporte pas de réponses aux officines qui sont dans ces territoires fragiles, qui sont en place, et sont menacées », explique le président de la FSPF.
On va enfin pouvoir renouer le contact
Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO
Du côté de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), l’arrivée d’un ministre qui sera pleinement concentré sur la santé est accueillie avec joie et soulagement. « On va enfin pouvoir renouer le contact », se félicite le président du syndicat, Pierre-Olivier Variot, qui ne veut pas faire de « procès d’intention » à Frédéric Valletoux. « Je pense qu’il a compris l’importance du réseau pharmaceutique. Sa proposition de loi a permis la mise en place d’une réforme des antennes de pharmacies, cite-t-il à titre d’exemple. Le maillage ne pourra être préservé si nos honoraires ne sont pas revalorisés. Nous allons demander à le rencontrer et on en discutera avec lui », annonce le président de l’USPO.
Le nouveau ministre passera un test grandeur nature le 13 février, à l’occasion d’une réunion très attendue par les syndicats sur le sujet des pénuries de médicaments. Autres dossiers sensibles qui l’attendent dans les prochaines semaines, la réforme par décret de l’Aide médicale d’État (AME). Il devra aussi plancher sur la problématique du manque de médecins, sur la situation financière des CHU ou encore faire aboutir le projet de loi sur la fin de vie. Si les représentants des pharmaciens attendent avec impatience de pouvoir travailler avec Frédéric Valletoux, ce dernier devra aussi réussir à s’entendre avec les médecins libéraux. Un pari loin d’être gagné. L’annonce de son arrivée au gouvernement a été qualifiée de « déclaration de guerre » par la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). On a connu accueil plus chaleureux.
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