LA NOUVELLE réunion de négociations qui se tiendra ce jeudi en fin d’après-midi sera-t-elle la bonne ? Difficile de répondre catégoriquement à cette question. Car la dernière séance (du 18 décembre) avait laissé tout le monde sur sa faim. Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), parlait alors d’un « recul par rapport aux réunions précédentes ». Philippe Gaertner, président de la FSPF, explique pour sa part dans un éditorial du « Pharmacien de France » de janvier 2014 que, « après plus de vingt-deux mois de négociations, c’est un échec », car « les engagements pris une semaine auparavant n’ont pas pu aboutir à un protocole d’accord ».
En effet, la réunion du 11 décembre dernier semblait marquer une avancée remarquable vers la mise en place d’honoraires avec la signature d’un point d’étape par l’assurance-maladie, la FSPF et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) (« le Quotidien » du 16 décembre 2013). Ce point d’étape prévoyait l’instauration, à partir du 1er janvier 2015, d’un honoraire de 80 centimes d’euro par boîte dispensée, ainsi que d’un honoraire complémentaire de 0,50 euro pour la délivrance des ordonnances complexes, en contrepartie de la remise au patient d’un plan de posologie. Dans un second temps, à compter du 1er janvier 2016, l’honoraire à la boîte serait porté à 1 euro.
Simulations incomplètes.
Oui, mais voilà, les simulations présentées par l’assurance-maladie le 18 décembre n’ont pas convaincu les syndicats (voir ci-dessous). La FSPF, par exemple, déplore que celles-ci ne concernent que la première phase de la mise en place de l’honoraire. Or, souligne Philippe Besset, « pour nous, c’est une condition non négociable, les deux étapes doivent d’ores et déjà être proposées dans l’avenant ». Michel Caillaud, chargé de l’économie à l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), estime que cette reculade de l’assurance-maladie montre que l’organisme payeur a réfléchi, entre-temps, aux conséquences d’un point d’étape qui n’apportait pas toute la sécurisation nécessaire pour l’officine. Les simulations du 18 décembre ne conviennent pas non plus à l’USPO, qui réclame toujours un rendez-vous avec le ministère de la Santé. Pour son président, Gilles Bonnefond, les discussions ne peuvent en effet aller plus loin tant que les arbitrages sur les remises génériques et sur le cadre global de la négociation ne sont pas rendus. De plus, « un travail d’articulation des textes réglementaires doit être réalisé avant la signature d’un avenant sur les honoraires de dispensation », estime le président de l’USPO. Pour autant, aucun rendez-vous avec la ministre n’est encore inscrit à l’agenda. Ce qui fait dire à Gilles Bonnefond que la rencontre d’aujourd’hui « risque d’être une réunion pour rien ».
Même s’il se félicite que le cabinet de la ministre de la Santé ait fait un signe en direction des pharmaciens en avançant la réunion au 9 janvier (la date initialement prévue était le 22 janvier), Philippe Gaertner affirme que « la profession se sent abandonnée par un gouvernement qui lui avait pourtant promis l’écoute et l’action pour la sauver ». « La séance du 18 décembre dernier marque la fin d’un cycle, estime le président de la FSPF. Nous ne pourrons pas rester inactifs dans les prochaines semaines : les pharmaciens montreront leur colère car, après un plan d’économies une fois de plus drastiques, la coupe est pleine. »
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