Invité ce mardi matin sur « RTL », le ministre de la Santé a annoncé la tenue d'une réunion la semaine prochaine sur les pénuries de médicaments en présence de l'ensemble des acteurs concernés. Aurélien Rousseau a de nouveau évoqué le problème « des grosses pharmacies qui surstockent », en partie responsables des tensions d'approvisionnement selon lui.
Il y a aujourd'hui en France près de 4 000 médicaments en rupture de stock ou sur le point de l'être, alertait il y a quelques jours l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Or, comme le rappelait encore récemment l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), les laboratoires ont entre 3 et 5 mois de stocks pour la quasi-totalité des médicaments. « Nous avons 450 médicaments mis sous surveillance par l'ANSM et, en effet, nous avons globalement du stock au niveau national », a confirmé ce matin Aurélien Rousseau sur « RTL ». Malgré cela, des patients ne parviennent pas toujours à obtenir les médicaments dont ils ont besoin en pharmacie. Un paradoxe dont le ministre de la Santé est parfaitement conscient, même s'il veut insister sur la différence « entre rupture et risque de rupture ».
Le ministre a ensuite effectué une comparaison avec un autre problème rencontré par de nombreux Français il y a quelques mois pour tenter d'expliquer la situation actuelle au sujet des médicaments. « Selon un sondage, 90 % des Français déclaraient ne pas faire de stocks mais on a tous quelques boîtes de médicaments chez nous, on est tous un peu pharmacien, observe-t-il sans reprocher ce comportement aux patients. Il y a les industriels, les grossistes-répartiteurs, les pharmaciens, les patients… Un peu comme quand s'annonce une grève des stations-service, quand on a peur qu'il y ait une pénurie de médicaments, on en achète un peu en avance », résume Aurélien Rousseau. Faut-il conclure de cette analyse que nous serions tous un peu responsables de la situation actuelle ? Résolu à trouver (enfin) des solutions efficaces, Aurélien Rousseau a promis de mettre tous les acteurs de la filière autour d'une table la semaine prochaine pour comprendre les causes du problème.
Il y a quelques jours, les propos d'Aurélien Rousseau sur « les grosses pharmacies qui surstockent » avaient irrité de nombreux pharmaciens. Si le ministre avait ensuite reconnu des propos maladroits, sans se dédire pour autant, il a de nouveau souhaité évoquer cette question ce mardi matin. « Il y a un point qui nous interroge. Certaines très grosses pharmacies commandent en direct aux industriels et font du surstock, et des petites pharmacies, elles, n'arrivent pas à en avoir (des médicaments). » Pour Aurélien Rousseau, les industriels ne sauraient être tenus pour seuls responsables des tensions d'approvisionnement actuelles. Ensuite interrogé sur les difficultés d'accès à l'amoxicilline, toujours observés aujourd'hui malgré la hausse de 10 % du prix accordée par le gouvernement, le ministre a voulu tempérer. « Je ne crois pas qu'on ait du mal à en trouver. À ce stade on en trouve », a-t-il commencé par affirmer avant d'admettre que « concernant ces produits dits matures, on a des pénuries dans toute l'Europe. »
Aurélien Rousseau veut que tout le monde en soit convaincu, il est totalement investi sur le dossier. « Je vous assure que j'ai tous les jours sur mon bureau le tableau des ruptures. Quand un produit manque, j'appelle directement le laboratoire pour comprendre ce qui se passe. » Néanmoins, il est désormais temps de réunir tout le monde dans la même pièce, ajoute-t-il, en faisant référence à la réunion prévue la semaine prochaine. Le ministre promet de sermonner les mauvais élèves. « Je pense qu'on a une responsabilité collective, le pays a besoin de confiance, alors si on commence à avoir peur de se soigner dans un pays comme le nôtre, ça ne va pas. » Conscient que certaines mesures, notamment la relocalisation de la production de médicaments, n'auront pas d'effets concrets cet hiver, Aurélien Rousseau veut enfin rappeler l'importance de la prévention. « Plus on sera protégé des épidémies, moins on aura besoin de médicaments. L'an dernier, on a eu cette pénurie majeure car on a eu trois épidémies en même temps », prétend-il. Au moins, cet accusé-là ne cherchera pas à le contredire.
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