Les rapporteurs de la mission « Information et médicament » ont profité de la présentation de leurs recommandations pour interpeller directement la ministre de la Santé Agnès Buzyn au sujet de l'utilisation des pictogrammes grossesse. Pour eux, celle-ci nécessite « une mise en cohérence urgente ».
Apparus en 2017 à la suite de l’affaire Dépakine, deux modèles de pictogrammes distincts signalent soit le danger, soit l’interdiction chez la femme enceinte. Le problème, souligné par l’Académie de médecine dès le mois de février, ainsi que par le centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT) et les pneumologues, est d’avoir laissé le choix du pictogramme aux industriels. D’après la mission « Information et médicament », ces derniers en font un usage exagéré, non pas pour mieux informer les femmes enceintes mais surtout pour se protéger d’un parapluie médico-légal.
Les rapporteurs soulignent également un manque de clarté dans la distinction entre les deux pictogrammes, à la fois pour les professionnels de santé et les patients. En outre, « l’absence d’encadrement aboutit même à ce que des pictogrammes différents soient mentionnés sur des spécialités contenant pourtant la même substance active ». De même, les rapporteurs précisent qu’un pictogramme a parfois été « apposé sur des médicaments n’ayant aucun effet tératogène ou fœtotoxique connu ou soupçonné, seulement parce qu’il n’existe pas de données s’agissant de la consommation de ce médicament par les femmes enceintes − ce qui est par construction le cas de tout nouveau médicament, puisque les essais cliniques n’enrôlent pas de femmes enceintes ».
C’est pourquoi « le choix du pictogramme ne devrait pas être laissé à l’appréciation des industriels », mais à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui aurait à charge « d’établir une liste opposable et d’accompagner sa décision d’un effort de communication et d’information dans le cadre d’une campagne plus globale sur les médicaments et la grossesse ».
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