À quelques kilomètres de la capitale, de nombreuses communes manquent de médecins. Un phénomène paradoxal dans la région la plus riche et la plus peuplée du pays.
« 4,4 millions de Franciliens n'ont pas accès à un généraliste comme ils le devraient, soit 37 % de la population », alerte Didier Jaffre, directeur de l'offre de soins à l'agence régionale de santé (ARS). Une situation paradoxale pour cette région qui, en quantité, « est l'endroit où l’on compte le plus de médecins », mais qui, « rapporté à la population, s’avère être le premier désert médical français », analyse-t-il.
Auparavant richement dotée en praticiens, l'Ile-de-France a vu partir 2 000 généralistes en 10 ans. Le phénomène, qui concerne tous les professionnels de santé (infirmiers, aides-soignants…), va s'amplifier : « 48 % des médecins libéraux franciliens ont plus de 60 ans, ce sont donc la moitié des généralistes qui vont partir dans les 5 ans », abonde Bruno Silberman, président de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS).
Comment expliquer une telle désertification ? Parmi les raisons évoquées : des conditions d'exercice parfois difficiles, avec une activité soutenue dans une région fortement peuplée où certains patients sont en situation de grande précarité. À cela s'ajoute la spécificité de la vie en Ile-de-France, le prix du logement, les transports, qui poussent certains soignants à partir. Leur installation se heurte aussi à un problème spécifique : le coût du foncier.
Pour y remédier, en plus des mesures mises en place à l'échelle nationale, l'ARS et les collectivités s’activent pour investir dans les murs. Au total, 85 projets ont été soutenus ces deux dernières années, pour 15 millions d'euros. Cependant, même quand les bâtiments sont là, attirer des médecins peut s'avérer difficile.
« Il faudrait un véritable plan Marshall » pour « rendre attractives nos professions de santé en Ile-de-France », analyse Didier Jaffre. Par exemple, en construisant de nouveaux logements pour permettre aux soignants de se loger, ou en envisageant une rémunération spécifique pour les professionnels de santé franciliens… Toutes les pistes sont à l'étude pour gérer cette nouvelle urgence.
Avec AFP
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