Le 30 septembre, deux petites pharmacies du centre-ville de Marmande ont définitivement baissé le rideau et rendu leur licence. Tenues par deux titulaires proches de la retraite, elles ont bénéficié d’un rachat-fermeture proposé par deux confrères.
Travaillant depuis 42 ans, et cherchant à céder son officine depuis 10 ans, Danièle Larquet a ainsi saisi l’occasion pour prendre une retraite bien méritée. Sa consœur, Aline Chazelon, a quant à elle un peu hésité : « J’envisageais un transfert, mais cela m’aurait obligé à travailler encore 5 ans. Aussi, je prends cette fermeture avec philosophie. Je ne regrette rien. D’autant que beaucoup trop d’officines ferment sans avoir de repreneur. »
Ces reprises sont le fruit d’une réflexion collective : « Les pharmaciens de la ville se sont mis autour de la table pour envisager l’avenir », explique Christophe Koperski, co-titulaire de la pharmacie de Lolya (20 employés) et membre du bureau national de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Après quelques mois de concertation, sa pharmacie et celle d’Isabelle Siron (7 employés) ont entamé les démarches de reprise des pharmacies Larquet et Chazelon. Une opération approuvée par l’ARS et les confrères.
En bonne intellligence
« Cette réorganisation a été réalisée en bonne intelligence avec tous les confrères, indique Thierry Guilloteau, de la Pharmacie de la Gravette. Nous avons ainsi souhaité accompagner au mieux nos consœurs plutôt que de les regarder mourir. »
« II était important de les aider à trouver une solution qui leur permette de sortir de la profession dignement », explique Christophe Koperski. « C’est une question de solidarité », renchérit Isabelle Siron.
« Cette restructuration de l’offre vise aussi à éviter l’arrivée de chaînes menaçantes et dévastatrices, explique Sophie Perrot de la Pharmacie du Centre. Nous avons nous-mêmes réalisé par le passé*, ce type d’opération qui nous permet de continuer à travailler correctement dans une ville de 18 000 habitants, avec des prix étudiés et dans l’intérêt de tous. »
Pour l’heure, c’est celui des patients des ex-pharmacies Larquet et Chazelon qui compte : « Ils découvrent de nouveaux interlocuteurs, mais nous leur délivrons un unique message : on s’occupe de tout ! explique Christophe Koperski. Tous leurs dossiers ont été transférés vers nos officines. » De même, pour faciliter la transition, la préparatrice de l’ex-pharmacie Chazelon travaille à mi-temps dans les officines des deux repreneurs et son ex-patronne exerce, quelques mois encore, aux côtés d’Isabelle Siron.
Équilibre
Le nombre de pharmacies marmandaises est ainsi passé de 8 à 6. « C’est largement suffisant, souligne Christophe Koperski. Le ratio donné par l’Ordre pour Marmande se situe à 4,7. De plus, nos officines sont très bien réparties sur tous les axes passants et le centre-ville. » Cette réorganisation est une réponse à Didier Migaut et à la Cour des comptes qui souhaitent réduire le nombre d’officines : « Ici, nous faisons le travail nous-mêmes ! »
« À Marmande, un client à pied peut facilement trouver ses médicaments, il n’y a pas de zone vide, précise Sophie Perrot. Cette bonne répartition tient à notre entente et à l’évolution du métier vers des officines plus importantes offrant un meilleur approvisionnement, une offre et des horaires d’ouverture plus larges, du parking… »
Est-ce la fin des petites officines de centre-ville ? « Elles ne sont plus viables, estimait Aline Chazelon, peu avant sa fermeture. Nos charges sont trop élevées et notre marge a baissé. » Sans parler des banques qui les ignorent trop souvent.
Des éléments qui pourraient faire réfléchir Véronique Couzigou, titulaire de la Pharmacie du Marché à Marmande, dernière petite officine du centre-ville : « Il est vrai qu’une petite structure demande beaucoup d’investissement personnel, mais elle a aussi son charme : on connaît bien ses patients et on peut devancer leurs demandes. » Un mode d’exercice, peut-être à contre-courant, mais qu’elle revendique par choix professionnel et personnel. Après tout, l’avenir ne peut se contenter d’un seul modèle.
* Cette officine est née en 2011, du regroupement de trois pharmacies marmandaises (dont une fermeture) ; en 2015, elle a repris la Pharmacie de la Gare (rachat-fermeture).
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