À l'automne, la télémédecine sortira du champ contraint de l'expérimentation. En effet, dès la rentrée de septembre, les médecins qui le souhaitent pourront pratiquer des consultations à distance en vidéo (téléconsultation), partout en France. Six mois plus tard, deux praticiens souhaitant échanger à distance, pourront recourir à la télé-expertise. Dans un premier temps, et avant d’être élargi à tous les Français en 2020, celle-ci concernera seulement certains malades, c'est-à-dire les 21,7 millions de patients en ALD, atteints de maladies rares, résidents en zones de sous densité médicale ou en EHPAD, ainsi que les détenus. Dans les deux cas de figure (téléconsultation et télé-expertise), chaque acte sera tracé par un compte rendu transmis au médecin requérant et versé au dossier médical partagé (DMP).
Un maillon du parcours de soins
La téléconsultation s’adresse à tous les patients et tous les médecins libéraux. Pour peu que la sécurisation des données médicales soit respectée, et la qualité de la prestation assurée. Car l’objectif de la télémédecine est de permettre à tout Français d’accéder à des soins de qualité sur l’ensemble du territoire, d’améliorer la vie des patients en facilitant leur autonomie et le maintien dans leur lieu de vie, ou encore de simplifier la prise en charge des patients chroniques. La télémédecine est également considérée comme un instrument utile pour désengorger les services d’urgence.
Dans la pratique, la téléconsultation, nouveau maillon du parcours de soins, simplifie l’accès à un médecin en cas de difficultés de mobilité. La télé-expertise, quant à elle, améliore la prise en charge du patient. Par exemple, quand un médecin généraliste, placé devant une lésion suspecte de malignité, recherche l’avis d’un confrère dermatologue. Comme l'expose l'assurance-maladie, le recours à cette pratique vise à éviter l'aggravation de l’état du patient en anticipant sur un rendez-vous chez le spécialiste.
De visu comme in situ
Qu'elle soit virtuelle ou physique, la consultation se déroulera dans les mêmes conditions. Ainsi, le patient devra s’adresser en priorité à son médecin traitant qu’il aura vu au moins une fois au cours des douze derniers mois. Cette obligation ne vaut pas pour les patients de moins de seize ans, pour les consultations de spécialistes, ni pour les territoires en sous-densité où le patient pourra alors se rapprocher d’une organisation, telle une CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé).
La téléconsultation, rémunérée 25 euros aux généralistes et 30 euros aux spécialistes, s’effectuera comme toute consultation sur la base d’un rendez-vous. Seules restrictions : elle repose obligatoirement sur un échange vidéo avec une bonne résolution d’image et le médecin pourra y mettre son veto s’il juge que l’état du patient ne s'y prête pas. À noter en effet, que le médecin engage sa responsabilité.
Une fois le contact établi, le médecin enverra un lien à son patient l’invitant à se connecter sur un site ou une application sécurisés depuis sa tablette ou son ordinateur équipés d’une webcam.
Et les pharmaciens ?
En cas d’incapacité, l’assurance-maladie prévoit que le patient pourra se faire assister, pour mener à bien une téléconsultation, d’une infirmière à domicile ou d’un pharmacien. Elle ne précise toutefois pas les modalités de cet accompagnement. Autre implication possible du pharmacien en matière de télémédecine : l'implantation dans son officine d'une cabine de téléconsultation équipée d'appareils de mesure (poids, IMC…) et d'examens (tensiomètre, stéthoscope, fond d'œil, otoscope…) dans laquelle un médecin peut demander au patient de se rendre.
On le voit, la télémédecine est en train de passer du concept au terrain. Et l'officine devrait y trouver sa place.
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