Insuffisants ! Pour les syndicats, les quelque 200 millions d’euros mis sur la table par l’assurance-maladie ne permettront pas d’accompagner la nouvelle étape de l’évolution de la rémunération.
En effet, l’un des enjeux des négociations engagées à la fin du mois de février est de déconnecter davantage la rémunération des pharmaciens des prix des médicaments et de faire ainsi passer la part des honoraires de 53 % à 75 %. En pratique, il s’agit de transformer 1,25 milliard d’euros de marge commerciale en honoraires. Au bout de trois ans, cette transformation devrait se traduire par un effet positif sur l’économie des officines d’un peu moins de 200 millions d’euros. Mais, fait remarquer Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutique (FSPF), ce chiffre ne tient pas compte des mesures figurant dans les prochains projets de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). « Cette enveloppe ne permet pas de couvrir les baisses de prix prévues pour les trois prochaines années, estime-t-il. Même avec 300 millions d’euros, je ne suis pas sûr que les comptes de l’officine soient à zéro. Ce que l’on nous donne d’un côté, on nous le reprend de l’autre. »
« On ne met pas assez d’essence dans le réservoir pour faire avancer la machine à réformer », illustre de son côté Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Pour lui, il manque au moins une centaine de millions d’euros à l’enveloppe proposée par l’assurance-maladie pour sécuriser l’évolution de la rémunération prévue par la nouvelle convention. Gilles Bonnefond compte sur les prochaines réunions des 11 et 12 juillet pour inverser la tendance. « Des marges de manœuvre existent », affirme le président de l’USPO.
C’est d’ailleurs ce qu’a laissé entendre la ministre de la Santé lors de la Commission des comptes de la Sécurité sociale du 6 juillet. interpellée par le vice-président de la FSPF, Philippe Besset, qui lui demandait d’intervenir auprès du directeur de l’assurance-maladie pour revoir à la hausse l’enveloppe allouée à l’évolution de la rémunération des pharmaciens, Agnès Buzyn a, en effet, répondu que « la discussion n’était pas close ». « Hier, la FSPF a quitté la table des négociations conventionnelles avec l’assurance-maladie à la suite de la présentation d'un financement inacceptable pour le réseau des pharmacies, en dépit de la volonté réelle de réforme de notre profession, a rappelé Philippe Besset. Ce financement amène à un tendanciel à -2 % en 2020 par rapport à l’année 2016, compte tenu des effets des baisses de prix des médicaments sur la rémunération de l’officine. Nous sommes très loin pour la pharmacie de l’annonce d’un ONDAM à + 2,3 % ! »
Ces arguments seront-ils entendus ? Réponse dans les prochains jours.
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