Cette année, alors que la pandémie de Covid-19 se prolonge, la campagne de vaccination contre la grippe risque d’être un peu différente. En effet, la Direction générale de la santé demande aux pharmaciens que les doses de vaccins contre la grippe (InfluvacTetra et VaxigripTetra) soient réservées aux seules populations ciblées par les recommandations vaccinales, tout du moins dans un premier temps. Une demande formalisée par un courrier adressé à l’Ordre national des pharmaciens le 20 août et relayée à l’ensemble de la profession.
Campagne en deux temps
En pratique, cela signifie que la campagne de vaccination s’effectuera en deux temps. De son lancement, le 13 octobre, jusqu’au 30 novembre a minima, les pharmaciens sont invités à ne délivrer des doses de vaccins qu’aux personnes munies d'un bon de l’assurance-maladie, ou à défaut faisant partie du public cible : le pharmacien devra alors éditer un bon de prise en charge sur le site de l’assurance-maladie. Ensuite s’ouvrira une seconde période, à compter du 30 novembre, durant laquelle les pharmaciens pourront délivrer des doses de vaccins à l'ensemble de la population, cible ou hors cible. Sous réserve d'un état des lieux. Car, comme l'expliquait le 10 septembre aux « Amphis de l'officine », la Pr Élisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations auprès de la Haute Autorité de santé (HAS), un monitoring sera effectué à la mi-novembre par la DGS afin de mesurer la vaccination des populations cibles.
L’objectif de cette campagne en deux temps est d’améliorer prioritairement la couverture vaccinale des personnes à risque. « Elle est générée par le contexte particulier d’une probable co-circulation du virus grippal et du virus SARS-CoV-2 », indique l’Ordre des pharmaciens.
Une forte demande à prévoir
En effet, il est possible que nous soyons confrontés à une forte demande de vaccins contre la grippe durant cette campagne, en raison de la co-circulation des deux virus SARS-CoV-2, la population souhaitant se protéger au moins contre la grippe, à défaut de pouvoir le faire contre le Covid-19 (lire « Grippe, Covid-19 : comment éviter le choc », le « Quotidien » du 8 septembre 2020). Mais « une demande accrue de toute population, cible et non cible, pourrait entraîner une pénurie de vaccins avant la fin de la campagne vaccinale. Et donc un défaut de vaccination chez les personnes les plus à risque de grippe grave », analyse Daniel Floret, vice-président de la commission technique des vaccinations auprès de la HAS. D’où la volonté de donner la possibilité à ces personnes les plus fragiles de se faire vacciner en priorité.
D'autant que certains indicateurs laissent présager une explosion des demandes en vaccins : « des enquêtes d’intention et le retour d’expérience de La Réunion, où la campagne de vaccination a débuté le 1er juin, laissent pressentir une forte demande de vaccination contre la grippe par des personnes non prioritaires », évoque l’Ordre.
Or le risque de pénurie préoccupe fortement le gouvernement. « Pour l'éviter, le ministère de la Santé a commandé des doses supplémentaires de vaccin », précise Daniel Floret, avec 15 millions de doses cette année, contre 13 millions pour la saison précédente, pour une population cible d’environ 20 millions de patients. De plus, « les autorités ont fait des démarches pour pouvoir importer des vaccins actuellement non commercialisés en France, dont le vaccin haute dose pour les personnes âgées, le vaccin nasal pour les enfants et d’autres spécialités encore », révèle Daniel Floret.
Que faire des cas contacts ?
Une dernière question se pose. Elle concerne les sujets identifiés comme contacts possibles d’un cas de Covid-19, et éligibles à la vaccination antigrippale. Doivent-ils se faire vacciner contre la grippe ? Des recommandations ont été élaborées par la HAS à ce sujet. Elles préconisent que ces cas contacts reportent leur vaccination à l’issue la période d’isolement strict de 7 jours recommandée en l’absence d’apparition de symptômes.
Si la coexistence des deux épidémies reste une perspective préoccupante, on peut néanmoins espérer avoir un épisode grippal de faible ampleur cet hiver. En effet, « dans l’hémisphère sud, où la saison grippale est en train de se terminer, il n’y a eu presque pas de cas de grippe saisonnière. Il pourrait donc en être de même dans l'autre hémisphère. De plus, les mesures barrière et d’hygiène instaurées avec le Covid-19 devraient avoir un impact important sur la propagation de la grippe », espère Daniel Floret. Quoi qu’il en soit, les pharmaciens engagés dans la campagne de vaccination devront faire face à de nouvelles questions, voire aux pressions du public. Au-delà des doses de vaccins en quantité suffisante, il leur sera conseillé de stocker beaucoup de patience et de discernement.
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