Quand pourra-t-on vacciner ?
Avant de pouvoir expérimenter la vaccination, il faudra attendre la promulgation de la loi de financement de la Sécurité sociale 2017 à la fin de cette année, puis la publication d’un décret qui devrait survenir quelques semaines plus tard. Le décret fixera notamment « les conditions de désignation des officines des régions retenues pour participer à l’expérimentation, les conditions de formation préalable des pharmaciens, les modalités de traçabilité du vaccin, les modalités de financement de l’expérimentation et les modalités de rémunération des pharmaciens ». Au final, l’objectif est d’être opérationnel pour la prochaine campagne vaccinale de l'automne 2017. Pour la ministre de la Santé, Marisol Touraine, il s'agit d'une « avancée importante pour l'augmentation de la couverture vaccinale et une simplification pour la vie des patients ».
L'expérimentation concernera-t-elle tous les clients ?
Non, l’expérimentation ne concernera que la vaccination des adultes contre la grippe saisonnière. Elle sera limitée dans le temps - 3 ans - et elle se limitera à seulement quelques régions. Celles-ci seront choisies selon plusieurs critères : une faible couverture vaccinale, un territoire de soins numérique (1)… Après l’expérimentation, un rapport d’évaluation sera réalisé par le gouvernement et transmis au Parlement.
Les pharmaciens seront-ils obligés d'y participer ?
Dans les régions concernées, tous les pharmaciens ne seront pas dans l’obligation de vacciner. Ils devront être volontaires. Les pharmaciens souhaitant s’engager dans cette expérimentation seront accompagnés tout au long de leur démarche et disposeront de documents spécifiquement conçus pour les guider.
Une procédure de prise en charge du patient devra être respectée par le pharmacien : traçabilité, information du médecin traitant du patient vacciné… Attention, les locaux devront disposer d’un espace de confidentialité.
Une rémunération est-elle prévue ?
Le financement de la mesure doit être assuré par le fonds d'intervention régional. La vaccination sera rémunérée au pharmacien, mais aucun tarif n’a encore été fixé. Les syndicats représentatifs de la profession travaillent sur ce point. Ce tarif pourrait se situer entre celui des infirmiers et celui des médecins. Des pharmaciens interrogés sur ce point en début d'année (2) avaient estimé, pour 59 % d'entre eux, que la rémunération de cet acte devait se situer entre 5 et 10 euros, tandis qu'un pharmacien sur quatre la valorise entre 10 et 15 euros et 16 % entre 0 et 5 euros.
Faudra-t-il se former ?
La formation des pharmaciens sera obligatoire. Ceux des régions concernées par l’expérimentation devront être formés en priorité. La vaccination sera progressivement intégrée à la formation initiale, afin de permettre de former directement les futurs pharmaciens.
Du côté des organismes de formation, la vaccination est d’ores et déjà inscrite aux catalogues. L'UTIP, notamment, n’a pas attendu la parution du décret pour programmer son tour de France de la vaccination. Trente-cinq sessions intitulées « la vaccination en pratique » sont inscrites au catalogue du premier semestre. Ces formations, intégrées au programme du DPC, pourront être prolongées en e-learning. Elles se dérouleront sur une journée. Quatre heures seront consacrées à la vaccination, au vaccin et à l’immunité. Pendant une heure, le pharmacien sera informé sur les modalités de mise en œuvre, locaux, hygiène, protocole… Enfin, deux heures seront réservées à la pratique et à la simulation d’injection. Le contenu de la formation sera précisé par un référentiel à paraître dans la foulée du décret d’application. L’UTIP invite tous les pharmaciens souhaitant pratiquer la vaccination à suivre une formation dès maintenant. Peu importe qu’ils soient ou non situés dans une zone d’expérimentation. « Il est important qu’ils se lancent dès le début des formations. Plus les pharmaciens montreront leur intérêt pour la formation à la vaccination et plus ils légitimeront par leur motivation et par leur compétence, l’élargissement de l’expérimentation à toute la profession », déclare Catherine Rorato, pharmacienne et directrice des opérations UTIP Innovations.
Le financement de la formation sera pris en charge, au même titre que les autres formations, par Actalians (salariés) et l’ANDPC ou le FIF-PL. Le FIF-PL indique que le financement sera assuré sur la même base que pour les autres formations (prise en charge au coût réel plafonné à 200 euros par jour, limitée à 600 euros par an et par professionnel, tarifs 2016).
(1) Territoires pilotes mettant en place de nouvelles technologies de l'information et de la communication afin d'aider les patients à s'orienter dan le système de santé et pour renforcer la coordination des soins (la télémédecine, par exemple).
(2) Enquête réalisée auprès de 41 pharmaciens du département de la Marne ayant participé à une formation « vaccination », en vue de mener une expérimentation sur la vaccination grippale de l’adulte sain, qui a finalement été interrompue.
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