Les mois à venir seront cruciaux. Dans un contexte économique difficile, la convention liant les pharmaciens à l’assurance-maladie pour les cinq prochaines années revêt une importance particulière. Le coup d’envoi des négociations est prévu pour le début de l’année prochaine, très probablement dans la deuxième quinzaine de janvier.
Pour l’heure, les partenaires conventionnels semblent être sur la même longueur d’onde. « Objectivement, l’économie de l’officine a été mise à l’épreuve », reconnaît le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM), Nicolas Revel, lors du Congrès des pharmaciens qui s’est tenu le week-end dernier, à Nantes. Quelques jours plus tôt, dans le cadre des 9es Rencontres de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), il avait déjà affirmé que « clairement, depuis 2012, on assiste à une dégradation » de l’économie officinale. Il ne conteste pas que cette situation soit liée « à une politique de baisse de prix des produits de santé ». Et le directeur général de l’UNCAM est clair, cette politique a vocation à perdurer. Aussi, pour lui, « nous allons devoir redéfinir un nouveau modèle ». D'autant plus que, à ses yeux, cela relève aussi d’un enjeu de renouvellement de la profession. « Il faut que l’économie de l’officine soit suffisamment attractive », estime-t-il.
Pour Nicolas Revel, l’une des priorités de la prochaine convention sera donc de « désensibiliser l’économie officinale des effets secondaires des baisses de prix ». « L’officine n’a pas à subir les conséquences de mesures qui ne la visent pas directement », souligne-t-il. C’est aussi le sens du message de la ministre de la Santé aux participants du congrès de Nantes : « Il faut que votre rémunération dépende davantage d’objectifs de santé publique et moins du prix du médicament », a indiqué Marisol Touraine (voir ci-dessous).
Des pistes à suivre
Parmi les pistes évoquées par le directeur général de l’UNCAM, il y a la rémunération à l’ordonnance, pour certains types de produits ou de patients, car « toutes les ordonnances ne se valent pas ». Il n’écarte pas l’idée non plus d’une extension de l’honoraire complexe aux prescriptions des malades en ALD.
Nicolas Revel estime également que les entretiens pharmaceutiques sont une piste d’avenir. « Il ne faut pas abandonner, même si le bilan est en demi-teinte », affirme-t-il. Certes, les délais de paiement ont peut-être joué un rôle dans l'essoufflement enregistré mais, pour lui, les modalités sont aussi peut-être trop lourdes et trop compliquées. « Nous devons réfléchir à élaborer quelque chose de plus simple », indique-t-il.
Sur le volet générique, Nicolas Revel entend continuer à engager des moyens pour la substitution. Le taux de pénétration de ces médicaments atteint aujourd’hui 83-84 %, il existe donc « encore une marge de progression », estime-t-il.
Des conditions favorables
Quoi qu’il en soit, le directeur général de l’UNCAM ne souhaite pas, pour le moment, entrer dans le détail de cette prochaine convention, laissant la place aux négociations à venir. Mais il se montre confiant. « Les négociations s’ouvrent dans des conditions favorables », soulignant une convergence d’analyses et d’objectifs entre les partenaires. D’autant plus que les deux syndicats représentatifs de la profession ont décidé de porter des propositions communes. « Je préfère avoir des acteurs qui s’alignent, indique Nicolas Revel. On ne construit jamais dans la division. »
« Nous avons l’intention d’être exigeant dans cette négociation, lance pour sa part Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Les contraintes économiques de l’assurance-maladie sont importantes, mais celles de l’officine le sont encore plus. » Il ajoute : « Nous voulons une convention d’investissement dans les soins de ville, dans l’avenir de l’officine. »
« Je souhaite obtenir une convention ambitieuse, déclare de son côté le président de l’USPO, Gilles Bonnefond. Ambitieuse pour l’organisation des soins sur le territoire, pour les équipes de soins primaires, pour les pharmaciens et pour les patients. »
À quelques mois du début des négociations, tous les clignotants semblent au vert pour conclure une convention permettant d’assurer l’avenir du réseau officinal.
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